Barbara, voix vénéneuse

Fervent admirateur de l'interprète de "L'Aigle noir" décédée le 24 novembre 1997 à l'âge de 67 ans, l'acteur français Gérard Depardieu reprend 14 chansons de son répertoire.

Des classiques incontournables tels "Nantes", "Ma plus belle histoire d'amour" ou "Göttingen", mais aussi des titres plus méconnus comme "A force", écrit par son défunt fils Guillaume Depardieu et figurant sur l'ultime disque de Barbara.

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Because Music

Dans un parlé-chanté hésitant, mais souvent émouvant, Depardieu évite la plupart des écueils de ce périlleux exercice de la reprise, accompagné par le piano délicat de Gérard Daguerre, ex-arrangeur de "la dame brune".

"Barbara, mais comment peut-elle être? Je connais cette voix et je ne connais pas le visage. C'est peut-être une petite blonde avec un nez retroussé; non ça ne doit pas être ça. J'aimerais quand même bien savoir comment elle est, Barbara…"

C'est ainsi que Colette Jean introduit, en 1962, ce portrait en musique de la chanteuse. Si le premier disque de Barbara date de 1957, ce n'est qu'en 1961 qu'elle accède à la notoriété avec des chansons comme "Ma plus belle histoire d'amour c'est vous", "L'Aigle noir". Sa voix unique, tout en brisures dramatiques, fait merveille.

Evocation de la pianiste chantante que Jacques Brel décrivait comme "la reine de Saba" et devenue depuis un patrimoine de la chanson fascinant qui ne semble pas subir les outrages du temps.

Nourris d'amour, de mélancolie, les sentiments diffusés, presque toujours en lien avec son existence, restent universels. Le langage est simple mais touche toujours au cœur.

La voix au premier plan, l'interprétation sobre des dix premières années, donnent toutes leurs forces aux épanchements de l'âme. La gestuelle se devine ici derrière chaque intonation.

Pudeur, provocation, douceur, solitude, révolte et insoumission filtrent à leur manière de toutes ces années de confessions. Où la magie noire d'"une fleur vénéneuse" a provoqué bien des nuits blanches à ses auditeurs.

"L'absence a ceci de magnifique qu'elle permet le retour", aimait-elle à dire. Barbara se rappelle sans cesse à notre bon souvenir. A l'image de cet épisode radio de "L'humeur vagabonde".

P. Ullman / Roger-Viollet

L'absence a ceci de magnifique qu'elle permet le retour

Textes et réalisation web: Olivier Horner