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Le jazz a cent ans: retour sur un genre musical qui ne meurt jamais

Le musicien de jazz Sidney Bechet fête ses 59 ans à Paris le 14 mai 1956. [Keystone]
Le musicien de jazz Sidney Bechet fête ses 59 ans à Paris le 14 mai 1956. - [Keystone]
Il y a cent ans, le jazz quittait La Nouvelle-Orléans, la ville qui l'avait vu naître. Petite histoire d'un genre musical qui a fait le tour du monde et qui n'a pas fini de faire parler de lui.

Le premier enregistrement d'un morceau de jazz a eu lieu à New York il y a un siècle. A l'époque, le jazz était un style nouveau, marqué par les nombreuses influences d'une ville multiculturelle, La Nouvelle-Orléans. Le succès remporté par le jazz au fil des décennies a ouvert la voie à l'avènement de la pop.

>> À lire: Le jazz est devenu la musique d'une élite (en allemand)

Le premier enregistrement

Le 26 février 1917, cinq jeunes musiciens se rendent au studio d'enregistrement RCA de New York pour immortaliser deux morceaux sur un disque de cire, "Livery Stable Blues" et "Original Dixieland One Step".

Ils formaient l'Original Dixieland Jass Band, qui devint ensuite l'Original Dixieland Jazz Band. Contrairement à ce que l'on aurait imaginé, ce sont des musiciens blancs d'origine italienne qui ont ouvert le jazz au monde. Rien d'étonnant toutefois si l'on se replonge dans le contexte de l'époque: il était alors impensable d'enregistrer un disque avec des musiciens noirs.

Original Dixieland Jazz Band. [CC-BY-SA]
Original Dixieland Jazz Band. [CC-BY-SA]

Les classes moyenne et supérieure anglo-saxonnes ignoraient encore tout du jazz. Personne ou presque ne connaissait même jusqu'à l'existence de ce genre musical. Et comment aurait-il pu en être autrement?

Le son de La Nouvelle Orléans

Le jazz était un genre tellement nouveau qu'il n'avait pas encore de nom attitré. Il est né à La Nouvelle-Orléans, ville portuaire et véritable pot-pourri culturel, où vivaient des gens venus des quatre coins du monde.

Les musiciens noirs étaient particulièrement forts pour absorber la multitude de sons et styles que rassemblait la ville et pour se les approprier.

En 1917, quand les Etats-Unis intervinrent dans la Première guerre mondiale, transformant La Nouvelle-Orléans en port de guerre, l'armée ferma le quartier de Storyville, qui abritait les clubs de l'époque.

Les musiciens, qui se retrouvèrent d'un coup sans travail, se rendirent dans le nord, à Chicago et à New York, et emportèrent le jazz dans leurs valises à travers les Etats-Unis. Au même moment, le disque faisait son apparition: le jazz pouvait partir à la conquête du monde.

De New York à Zurich

Un an plus tard, le jazz débarquait en Europe. Ernest Ansermet, jeune chef d'orchestre suisse, chanta les louanges du clarinettiste Sidney Bechet, ce qui est l'un des premiers témoignages de la diffusion du jazz outre-Atlantique.

Le clarinettiste Sidney Bechet. [Keystone]
Le clarinettiste Sidney Bechet. [Keystone]

Dès les années 20, on écoutait du jazz de Paris à Zürich... ou tout du moins ce que l'on pensait être du jazz.

Parallèlement, à New York, le premier mouvement d'artistes noirs, "Harlem Renaissance", contribua au succès de musiciens en pleine ascension, comme Duke Ellington. Dès les années 30, le jazz était devenu la musique du divertissement par excellence.

La nouvelle génération: le hip hop

En 1972, le jazz approchait de l'âge de la retraite. Le grand Frank Zappa déclara: "Jazz is not dead, it just smells funny" (le jazz n'est pas mort, mais il a une drôle d'odeur). C'était peut-être vrai à l'époque.

Mais il oubliait que le jazz avait déjà fait des petits, que l'on retrouvait au hit parade: le blues, la soul, le rock'n'roll et la funk. Et la pop n'aurait jamais vu le jour sans le jazz.

Ensuite, avec l'avènement du hip hop, une nouvelle culture s'imposa: celle de la "Great Black Music", différente du free-jazz tout en y étant liée d'un point de vue social.

Un genre intemporel

Cent après sa naissance, le jazz n'a plus "une drôle d'odeur", comme l'a dit Frank Zappa, mais il exhale au contraire toute une palette de parfums et de couleurs mêlant l'Afrique et l'Europe, le groove et la mélodie, le numérique et l'analogique. Le jazz est éternel. De toute évidence, il est l'expression d'une humanité intemporelle.

>> À lire, l'article "Ein musikalisches Märchen: Happy Birthday, Jazz! " en allemand de SRF Kultur

Beat Blaser (SRF)/mh

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Ella, Monk & Dizzy – Un siècle de jazz

Le premier enregistrement de jazz date d'il y a un siècle, en février 1917. La même année naissaient la chanteuse Ella Fitzgerald, le trompettiste Dizzy Gillespie et le pianiste et compositeur Thelonious Monk, qui incarnèrent cette musique mieux que personne.

>> A écouter, l'émission "Hörpunkt" de SRF 2 Kultur intitulée "Ella, Monk & Dizzy – ein Jahrhundert Jazz" (en allemand):