"Lasciatemi morire" ("Laissez-moi mourir") chante Arianna dans le "Lamento" de Monteverdi. La mélodie qui l’accompagne n’en est pas une, c’est un cri de douleur chanté. Dans cet air, Arianna est accompagnée d’une basse continue et le public du début du XVIIe siècle a dû ressentir les dissonances qui en résultent comme autant de coups de poignard: tranchantes – et inconvenantes.
En 1608 en effet, le "Lamento d’Arianna" de Claudio Monteverdi va à l’encontre de toutes les règles de la composition. Maîtriser à la perfection les règles en vigueur à son époque ne l’intéresse pas; il veut émouvoir les spectateurs.
Et c'est pour cela qu'il compte parmi les compositeurs les plus doués de son temps. Ses œuvres sont jouées à la cour, devant un parterre de courtisans pour qui laisser libre cours à ses sentiments est inconvenant.
Et pourtant, on rapporte que les dames de la cour ne peuvent retenir leurs larmes. A chaque fois, la nouvelle remplit Monteverdi de fierté.