Caméléon de la chanson qui pousse parfois des cris d’animaux ou vocalise tout en onomatopées, Camille ose à peu près tout depuis quinze ans: tantôt intimiste et tendre ("Le Fil" sur une seule note en 2005), tantôt extravertie et sauvage (le soul-pop "Music Hole" et ses percussions corporelles en 2008).
Pour "Ouï", son nouvel album, elle joue presque la carte de la sobriété. Avec un tambour et une voix. Ou plutôt des percussions et plusieurs voix puisque celle de Camille se démultiplie jusque dans les choeurs. Une polyphonie que seul un synthétiseur analogique et des boucles electro viennent rompre par moments.
Ouï est un mot très simple mais qui a un vrai rayonnement. Comme tous les mots, il peut être réinventé et il est important de le réaffirmer. L'ouverture du oui va de pair avec l'écoute. Dans ouï, il y a tout: la rondeur du "o", l’ouverture du "u", la droiture du "ï".
Enregistré à La Chartreuse Notre-Dame-du-Val-de-Bénédiction, à Villeneuve-lès-Avignon, un édifice religieux du Moyen Âge, ce "Ouï" ressemble à une suite de variations poétiques où Camille prouve surtout l'étendue de sa technique vocale. Des chansons mouvantes à défaut d'être émouvantes osant parfois entremêler danses traditionnelles (africaines, bourrée française) et musique électronique.
Hélas, ce lyrisme se révèle parfois béat et frise souvent l'exercice de style vain (le chocolaté "Twix", les assonances de "Lasso", le fantaisiste "Les loups" qui mute de bourrée à transe electro). Heureusement contrebalancé par de beaux titres comme "Fontaine de lait" et "Fille à papa".
Olivier Horner
Camille en concert: Festi'Neuch, le 15 juin; Paléo Festival, le 21 juillet.