Boudé par les élites, le reggaeton remporte actuellement un succès international avec le titre de Luis Fonsi, "Despacito", premier morceau en espagnol à devenir numéro 1 du Billboard.
Originaire de Porto Rico, ce style musical fait danser depuis longtemps dans les boîtes de nuit des pays hispanophones, mais il n'était jamais parvenu à traverser les frontières.
Le reggaeton, musique machiste
Devenu populaire dans les années 90, le reggaeton se caractérise par des rythmes rapides aux saveurs jamaïcaines avec des paroles aux sonorités de rap, souvent teintées de machisme. Comme "Despacito" ("très lentement" en espagnol) et ses paroles jalonnées d'allusions sexuelles.
Dans un entretien au magazine Rolling Stone, Luis Fonsi a indiqué qu'il n'était pas parti pour écrire "un disque transversal". "J'ai senti que j'avais besoin d'un petit peu plus de mouvement", a-t-il expliqué.
mcc/afp
Le reggaeton, musique underground
"La musique underground était essentiellement pour faire la fête, mais elle a aussi procuré un espace d'expression politique pour aborder les problèmes comme la pauvreté, la brutalité policière et le racisme", explique Petra Rivera-Rideau, professeur-assistant en études américaines au Wellesley College et auteur de l'ouvrage "Remixing Reggaeton".
A mesure qu'il a pris de l'essor, ce genre musical "a été soumis à une campagne de censure au milieu des années 1990 qui, ironiquement, lui a fait de la publicité et l'a présenté à de nouvelles audiences", relève-t-elle.
Ses critiques ont dénoncé son hypersexualisation, le Sénat portoricain tenant même des auditions en 2002 sur la représentation des femmes dans les clips vidéo.