Avec plus de 400 manifestations musicales tous genres confondus et une commune sur six qui met sur pied son événement, la Suisse est assurément une terre de festivals. Et l’été fait figure de pic avec près d’une quarantaine d’événements chaque semaine, entre la fin du mois de juin, où débute le Montreux Jazz Festival, et début septembre.
Si ces chiffres suggèrent une saturation de l’offre ou une concurrence féroce, chaque événement parvient pourtant à garnir son affiche. Et les gros noms ou pointures de la pop, du rock, du hip-hop ou de l'electro ne se cantonnent plus aux grands festivals.
Franz Ferdinand, de Paléo au Tohu-Bohu
Voilà tout juste cinq ans, Franz Ferdinand paradait en tête d'affiche sur la grande scène du Paléo pour le bonheur de plus de 30'000 spectateurs venus danser sur le tube increvable "Take me out".
Cet été, le groupe écossais revient en Suisse pour deux concerts. Dont un à Veyras, paisible village valaisan de 1676 habitants dont le terrain de foot et les courts de tennis accueilleront pour trois soirées le Tohu-Bohu et ses 3000 spectateurs quotidien.
Un gros coup pour ce petit festival, qui ne doit rien au hasard. Pour Lionel Martin, directeur du Tohu-Bohu Festival, "le Tohu-Bohu et d'autres petits festivals ont depuis quelques années professionnalisé leur structure d'organisation. Ce qui permet d'être plus en contact avec le milieu tout au long de l'année et de ne pas seulement survoler la programmation".
Davantage d'offres et d'opportunités
Un constat confirmé par Sébastien Vuignier de Takk, agence romande qui représente de nombreux artistes internationaux en Suisse, qui a vu doubler le nombre de propositions reçues ces dix dernières années. "Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de festivals qui font des offres et suscitent ces nouveaux concerts. Même si les cachets n'ont pas baissé, au contraire, puisqu'il y a plus de demande, les opportunités en termes d'actualité permettent des fois à des festivals de payer des cachets un peu moins important pour avoir des gros noms".
Cet été, Vitalic, The Jesus & Mary Chain ou encore Black M, des artistes habitués aux grands festivals se produiront à Penthalaz, la Tour-de Peilz ou encore au Locle. De jolis coups, mais qui comportent une part de risque selon Lionel Martin, au vu de la multiplicité des événements et parfois des mêmes artistes en Suisse romande en clubs ou festivals sur une même saison. "Il faut donc bien calculer son coup et son budget".
En treize édition, le budget du Tohu-Bohu est passé de 100'000 à 770'00 francs. Et le festival présente des finances saines. Un succès qui tient aussi beaucoup à son ancrage local. Le vrai secret de la longévité pour un petit festival?
Christophe Schenk avec olhor
Décès et avis de naissance se succèdent
Des dizaines de festivals sont apparus en Suisse romande depuis la naissance de glorieux anciens, comme le Montreux Jazz Festival côté musiques actuelles ou le Festival de Lucerne côté classique, pour s’installer et trouver leur public. Ou disparaître avec fracas, comme le Leysin Rock au début des années 90.
Mais aujourd’hui, ce mouvement est presque devenu habituel. Chaque année, des festivals manquent à l’appel, tels le Pully For Noise et Electrosanne en 2017, d’autres annoncent leur fin imminente, comme Electron à Genève, et de nouveaux noms apparaissent.
Cette année, parmi les nouveaux on peut citer Irreversible à Monthey, en Valais, le festival Prémices, à Lausanne ou encore l’Abyss en Gruyère, rendez-vous qui met à l’honneur le metal.