L’exubérante Beth Ditto a déboulé sur la scène de l’auditorium Stravinski dans un "bonjour!" tonitruant et joyeux. Celle qui s’est fait connaître en tant qu’iconique meneuse du groupe disco-punk Gossip - dissout l’an passé - vient de sortir "Fake Sugar", un album pop teinté de rock psyché, fil conducteur du concert.
Introduisant la soirée avec l’énergique "Oh My God", l’Américaine a démontré d’emblée que l’expérience solo n’avait en rien entamé son charisme sur scène. La chanteuse ne s’est jamais départie de sa bonne humeur, même lorsque sa voix puissante a commencé à faiblir sur les envolées de la ballade "Lover".
L’artiste, qui avait dû être opérée des cordes vocales l’an passé, a géré cette situation périlleuse en toute décontraction. "J'ai perdu ma voix, ça arrive", a-t-elle simplement lâché en rigolant et en se livrant à quelques vocalises jusqu’à ce que le capricieux organe se décide à coopérer.
Il faut dire que la diva rock ne l’a pas ménagé, faisant s’enchaîner les titres énervés comme "Fire" - premier single tiré de l'album - et certains des plus gros cartons de Gossip, comme "Love Long distance" ou "Heavy Cross".
La féministe et militante LGBT a encore profité de son heure sur scène pour déplorer l’élection de Donald Trump ("je n'y suis pour rien!"), avant de conclure sur une reprise de "Chains of Fools" d’Aretha Franklin, qui lui a valu une salve d’applaudissements.
Show grandiloquent des dandys de l’électro
Cette performance habitée avait idéalement préparé le terrain pour les Pet Shop Boys, qui n’ont eu qu’à cueillir un public gorgé d’ondes positives avec leur électro-pop festive et frivole, tout droit sortie des années 80.
Le duo constitué des flegmatiques britanniques Neil Tennant (voix) et Chris Lowe (clavier) a mis le feu avec un show kitsch et grandiloquent. Les couvre-chefs et les costumes fantaisistes se sont succédé au fil des morceaux, sur fond de scénographie psychédélique.
Si la setlist a fait la part belle aux morceaux tirés de leur album "Super" sorti en 2016, dont l'irrésistible "Pop Kids", le groupe a aussi joué la carte de la nostalgie avec certains de ses plus grands succès comme "West End Girls" ou "Opportunities".
Les deux dandys ont achevé de transformer l’auditorium en discothèque avec le tube "It’s a sin", dans une débauche de lasers multicolores. A Montreux lundi, les inoxydables sexagénaires ont encore démontré leur capacité à faire danser les foules.
Pauline Turuban
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