Il y a 50 ans, John Meyer travaillait dans une boutique de hi-fi dans la région de San Francisco. Le parc du Golden Gate attirait les hippies du monde entier dans un déluge de musique, de LSD et d'amour. John rencontrait Helen, lui faisant découvrir la qualité du système hi-fi qu'il vendait dans sa boutique à l'écoute du "Sargeant Peppers" des Beatles, une histoire d'amour naissait, une entreprise au service des artistes et de ceux qui les écoutent aussi.
Samedi 1er juillet, le chanteur jazz pop Lukas Graham ravit ses aficionados au Lab avec un alliage tout en densité et en sobriété. Le son est pur, la section de cuivre sonne juste, l'expérience voulue par Claude Nobs est magique. "On est d'abord venu en Suisse pour amplifier de la musique classique en extérieur... La Suisse étant petite, Claude Nobs a entendu parler de notre sound-system et a voulu travailler avec nous" explique John Meyer, l'ingénieur et créateur de l'entreprise. Meyer Sound travaillait déjà avec le Grateful Dead ou Steve Miller, ainsi que dans l'industrie du cinéma.
Claude Nobs aimait la technologie. Il n'était pas ingénieur, mais il aimait le jazz et ses instruments organiques. Il reconnaissait le bon du mauvais son. Il voulait que les gens aient une expérience comme vous l'avez eue. Il voulait que les gens aient une réaction positive, de surprise...
La petite entreprise de la Bay Area, née en plein flower power, est devenue un acteur majeur de la musique amplifiée. Aujourd'hui, Meyer Sound compte 300 employés à Berkeley et des bureaux dans le monde entier.
Elle équipe des tournées des stades, des théâtres à Broadway ou à Londres mais aussi des églises, des boutiques de la marque Apple, avec toujours cette volonté d'améliorer leurs produits.
Le travail de Meyer est d'innover sans cesse. "Il y a cinq ans, on a travaillé spécifiquement sur un haut-parleur pour la musique classique avec la cohabitation de plusieurs notes de sons de basse fréquence au même moment. Avec notre système Leopard, conçu pour des salles de 1000 à 2000 places, on a un spectre de nuances sonores plus large. Pour bien amplifier un sitar, ce sont 64 notes différentes à restituer simultanément. Le plus que l'on fasse aujourd'hui, c'est 12. C'est donc forcément plus cher", admet le créateur de Meyer Sound.
"Claude Nobs voulait que notre système pour la musique classique soit au service du Jazz. On devait faire nos tests dans un local de l'ancien Convention center. Le haut-parleur poussait très haut et la qualité du son qui en sortait était élevée... Notre seule condition, c'était que les groupes ne démontent pas nos sound-systems pour mettre les leurs à la place. Le but était de faire un seul et même type de sonorisation par salle pour tous types de groupes, que ce soit pour Ravi Shankar ou du rock", explique John Meyer.
Au Montreux Jazz, ce qui frappe, c'est que les oreilles ne "saignent" pas après un concert. "Dans les années 70, on jouait fort, c'était dur d'être subtile. La limitation a permis de nouvelles possibilités de travailler dans le détail et de reproduire la sensation du son dans sa complexité" raconte John. Et cela crée plus d'excitation pour le spectateur.
David Glaser/mcc
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