Plus qu’une simple artiste, Grace Jones est une icône, une marque indélébile dans l’histoire de la pop. Son apparence de mutante à la fois futuriste et féline a fait d’elle un des personnages visuels les plus marquants de la fin des années 70 avec, peut-être, Sid Vicious et Michael Jackson.
Mais plus qu’un look immédiatement identifiable, la diva black a imposé sur la scène de l'auditorium Stravinski un son, une fusion improbable de la furia animale du reggae et de la froideur inquiétante des machines.
On savait Grace Jones maîtresse parfaite de sa production artistique tant visuelle que musicale. Samedi soir, on l’a découverte en performeuse d’exception. Une surprise quand on sait que la chanteuse n’a fait que très peu de tournées.
Grace Jones est apparue sur scène telle une créature vaudou, le corps quasi nu recouvert de peintures tribales à la Keith Haring, le visage caché derrière un impressionnant masque de mort, alors que son groupe lançait les syncopes martiales de "Nightclubbing". Grace Jones à la fois animale et esprit de vie et de mort, déambule, menaçante, sur une scène métallique, juchée sur des hauts-talons vertigineux.
Corps nu de femme triomphant
Le public, médusé, est comme hypnotisé par la voix étonnamment maîtrisée et les incroyables apparitions successives de l’artiste: en tutu géant noir et blanc sur "Private Life", le corps habillé d’un boa fuchsia pour sa relecture de "La vie en rose", le visage voilé par une cote de maille guerrière sur "Pull up to the Bumper".
Et sous ces multiples atours, au gré d’un incroyable défilé de tenues à la fois minimalistes et iconiques, ce corps nu, ce corps de femme triomphant. Grace Jones, la fille de prédicateur, plaisante avec le public, le fait chanter à sa guise.
Son concert, dit-elle, n’est pas pour les enfants: elle glisse aimer beaucoup le sexe, libérateur, et ne plus trop fréquenter les églises. La dame s’amuse, change à nouveau de robe, invite un acrobate musculeux à faire un numéro de pole dancing, tout en le défiant du haut de ses échasses.
Grace Jones fait basculer les rôles. Elle tient le monde dans sa main.
Michel Masserey/olhor
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