Elle s’est fait désirer. Lorsqu'elle est apparue recouverte jusqu'aux yeux d’une parure multicolore, le visage camouflé par un foulard rouge au message new age, un immense chapeau noir vissé sur sa tête, il était près de minuit. Pas de quoi chagriner le public, conquis avant la première note de "Hello", ce mixtape de 2015 placé en ouverture comme un salut.
Les spectateurs retiennent leur souffle. C'est que la Texane de 46 ans n’est pas là pour promouvoir ces derniers titres. De toutes façons, elle n'en a guère. Au Stravinski, tout le monde attend les standards, ceux qui, depuis la sortie de "Baduizm" en 1997, fondent la néo-soul sensuelle et bien balancée qui caractérise Erykah Badu.
Prêtresse pachamama
Dans sa tenue qui fait furieusement penser à un poncho péruvien, elle fait plus pachamama que combattante. Telle une prêtresse elle livre ses refrains aux spectateurs, leur offrant ce qu'ils étaient venus chercher: un show convenable quoi qu'inégal dans sa scénographie, des airs connus qu'on aime fredonner ou danser, quelques mots sympathiques agrémentés d'un brin d'excentricité.
C'est la recette du "Baduizm", sans doute, ce savant mix de folie et de sérieux, cette voix si délicatement fêlée, cette femme charismatique à souhait. Vingt ans après la sortie de l'album fondateur, le miracle Erykah Badu opère encore mais ne se renouvelle pas.
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Juliette Galeazzi