Lisbonne, Benicassim et… Nyon. 42e édition du Paléo Festival, mardi 18 juillet, grande scène, 23h25 plus précisément. Troisième date de tournée européenne. Une clameur traverse la plaine de l’Asse pour saluer l’arrivée des messies tant attendus d’un rock marquant des années 1990 parachuté en 2017, toujours pimenté de hard, funk, pop, rap et dont l’aura dépasse à présent l’entendement.
Mais les Red Hot Chili Peppers sont enfin là, héros quinquagénaires d’une histoire et d’un doux soir lémanique dont l’apparition était synonyme de ruée vers l’or avec 10'000 personnes qui ont espéré rafler les 1500 derniers tickets mis en vente le matin même par Paléo. Il n’a fallu qu’une minute pour priver encore de bonheur des milliers de personnes supplémentaires d’un festival qui affichait déjà complet avec ses 40'000 spectateurs quasi tous massés vers un seul objectif.
29 ans d'attente en terres romandes
Une excitation à la mesure d’un groupe aux 60 millions d’albums vendus, pourvoyeur d’hymnes tels que "Under the Bridge", ode à l’héroïne signée Anthony Kiedis, ou ce "Give It Away" télescopant Bob Marley et Black Sabbath. Sans compter la dimension historique de ce retour en Romandie, vingt-neuf ans après un passage à la minuscule et mythique Dolce Vita lausannoise où tout le bassin lémanique ou presque jure ou rêve les avoir vus un 12 février 1988, année où Henry Rollins Band, Pere Ubu, Noir Désir ou les Suisses de Maniacs y ont aussi défilé.
A Nyon, près de trente ans plus tard, c’est donc une forme de mythe qui devient enfin réalité pour beaucoup quand résonnent les premières notes d’une intro façon jam aux basses reconnaissables, cinq minutes avant l’heure, pour mieux propulser ses tubes "Can’t Stop" et "Snow (Hey Oh)" qui suscitent momentanément l’effervescence.
Le soufflé retombe hélas assez rapidement lors des morceaux mid tempo et ne remontera jamais vraiment, même pour la relecture partielle du véloce "I Wanna Be Your Dog" des Stooges, l’activation des incontournables "Californication" et "By the Way" ou "Suck My Kiss".
L’organisateur a beau avoir prévenu, la foule est dense, immense, impénétrable. Elle vous renvoie sur les côtés, dans les cordes où le volume sonore de la grande scène nyonnaise, diffus comme à son habitude, vous exclut de la célébration collective. Pour beaucoup au final, ce concert a ressemblé à l’impossibilité d’une idylle, du moins d’une communion autrement que par écrans latéraux interposés et sons éparpillés aux quatre vents.
"Give it Away" de circonstance
La découverte scénique ou les retrouvailles avec ces Red Hot ont sans doute été gâchées par une vision fragmentée d’une scène qui n’a pourtant jamais parue si grande avec l’accrochage en son fond de quatre énormes miroirs reflétant le chanteur Kiedis et sa bande en action, ainsi qu’un demi-cercle plus grand projetant des films d’animation tantôt colorés tantôt noir et blanc.
Jusqu’au final vers une heure du matin, cinq minutes avant l’heure cette fois, avec un "Give It Away" de circonstance, la caravane Red Hot n’aura donc littéralement fait que passer par Nyon. Avant la suite d’une tournée européenne de festivals en forme de superproduction passant par Rome ou Paris et un envol pour Rio entre autres. Reste artistiquement surtout un nuage de poussière dans son sillage.
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Olivier Horner