Les sœurs Haïm étaient samedi dernier au Festival Les Georges. Ces chanteuses ont une particularité: elles remportent un succès phénoménal sur YouTube avec leur chanson "Habib Galbi" et sont beaucoup écoutées dans le monde arabophone alors qu'elles sont israéliennes.
Leurs grands-parents paternels ont quitté le Yémen pour Israël grâce à l'opération "Tapis volant" en 1949 et se sont installés à Hadera dans le sud du pays. C'est durant des fêtes juives que les trois soeurs ont découvert la musique traditionnelle yéménite, chants et danses issus de la tradition orale.
La musique pour faire revivre l'histoire
Les soeurs Haïm appartiennent à une jeune génération d'Israéliens qui revendiquent leurs racines orientales: ce n'est plus une tare, aujourd'hui, d'être Mizrachim - les juifs d'origine arabe. Les fans des pays arabes les couvrent de louanges malgré leurs origines.
Le producteur d'A-WA, Tomer Yosef, du groupe électro Balkan Beatbox, a un jour donné une cassette d'A-WA à des vieilles femmes yéménites. Et ça leur a plu.
L'ancienne génération de Yéménites nous soutient: ils viennent à nos concerts, il y a un public très mélangé, et ils nous disent: "J'y crois pas! La façon dont vous chantez: ça nous fait remonter le temps!" [...] Les gens sentent probablement que c'est authentique. Qu'on respecte la musique. Qu'on n'essaye pas de salir la tradition.
Interdites d'entrée dans les pays arabes
Les trois soeurs Haïm n'ont jamais brandi leur musique comme un étendard. Elles restent tout de même interdites d'entrée dans les pays arabes même si elles sont les stars incontestées chez les "Mipsterz", les hipsters musulmans.
Si la politique a souvent démontré son impuissance à résoudre le conflit israélo-arabe, la société civile prouve, une fois de plus, que les solutions sont aussi humaines... et musicales.
Alain Croubalian/ld