Le mélancolique mais ultra mélodique "Where Is My Mind ?" avec chœurs du public, les plus tendus et rageurs "Monkey Gone to Heaven" ou "U-Mass" renversant les premiers rangs. Mercredi soir sur la grande scène de Paléo, après un premier concert l’automne dernier à Montreux, le rythme imposé par les Pixies est toujours aussi effréné et étourdissant sur une heure trente et près de trente titres.
Trésor du rock
Entre les retours convaincants sans être saignants des Australiens Midnight Oil et des Canadiens Arcade Fire - qui cette fois remercient le public helvétique plutôt que de le conspuer comme un certain soir au Montreux Jazz voilà six ans -, les "lutins" américains emmenés par ce Black Francis mué en Frank Black ont renoué avec les fulgurances rock qui ont façonné leur destinée entre 1987 et 1991. Une période aussi bénie que mythique qui a permis au quatuor de devenir l’un des trésors du rock duquel se sont notamment réclamés Nirvana et la mouvance grunge ainsi que le rock plus sinueux de Radiohead.
En offrant une prestation intense, les Pixies ont ainsi effacé d’un trait le service minimum offert en 2006 sur la même scène, deux ans après une reformation qui sonnait alors comme principalement vénale.
Mercredi à Nyon, entre la tombée du jour et le début de la nuit, les Pixies entremêlent tubes précieux ("La La Love You" et ses sifflotements, "Here Comes Your Man" ou le furibard "Isla De Encanta") et morceaux nerveux extraits de leur récent septième album "Head Carrier" (dont l’abrasif "Um ChaggaLagga") sans trop faillir. Même si la bassiste Paz Lenchantin, qui surseoit depuis trois ans au départ de l’historique Kim Deal, se montre hésitante par moments ou qu’elle se retrouve à contretemps dans ses chorus vocaux, les signataires de "Trompe le monde" semblent avoir décidé de muscler leur jeu rock en punk au fil du concert.
Peu de temps morts ici, à l’exception des quelques ballades mélodiques usuelles au cœur de leur répertoire en forme de continuum haletant, mais un Frank Black qui a failli se retrouver à terre en fin de concert après un stupide lancer de canette d’un spectateur. Le chanteur est heureusement resté impassible, se concentrant sur la sève de ses chansons pleines d’humour et souvent nées de l’écriture automatique.
Olivier Horner
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