Qui est Chilly Gonzales? Même au bout de plusieurs années d'un intérêt marqué pour l'homme et pour son travail, il est difficile de répondre précisément à cette question.
Du rap à la musique classique, du R'n'B à la chanson ou à l'électro, il considère la musique dans sa globalité et sans aucune notion de hiérarchie entre ce qui est noble et ce qui est vulgaire. Il aborde les choses avec le sérieux et la rigueur des plus grands clowns et tourne en dérision les questions existentielles à la manière des plus grands philosophes.
Géographiquement, on est tout aussi perplexe. Cet enfant de Montréal a longtemps vécu à Paris puis à Berlin et, depuis quelques temps, on ne lui demande même plus où ses pas le guident. Quant à l'image qu'il a de lui-même, elle est tout aussi difficile à cerner.
Pianiste insoumis
Lorsqu'il nous demande de l'appeler Maestro, on ne sait pas s'il se moque de lui-même, du protocole lié à la tradition classique, ou si ce pianiste insoumis réclame réellement un petit supplément de reconnaissance.
Cette session avec Chilly Gonzales, cela faisait des années que nous l'espérions, que nous avions envoyé les premiers appels du pied. Sans jamais refuser, il nous avait fait savoir que les étoiles, aussi favorables soient elles, n'étaient pas encore parfaitement alignées.
Cet alignement s'est finalement produit le 2 juillet dernier, à mille deux cents mètres d'altitude, dans un lieu qui a longtemps servi de coulisse à quelques unes des plus belles histoires de la musique moderne. Entourés de souvenirs et d'ondes bienveillantes, nous nous sommes réunis autour du piano et avons laissé filer les notes.
Yann Zitouni/mcc