Sa gloire dans l’opéra italien fait presque oublier son art polymorphe. Maria Callas a pourtant enregistré des oeuvres de compositeurs comme Beethoven, Charpentier, Mozart ou Gounod, un répertoire qu’on ne lui attribue généralement pas.
Si je suis bien, alors c'est l'exaltation, c'est l'ivresse de ce qu'on ne peut pas expliquer. [...] C'est de l'électricité que nous nous donnons entre nous, le public le sent et s'exalte aussi.
Mozart, une place particulière dans sa carrière
Au génie de la musique de Mozart, Maria Callas insuffle celui de l'interprétation. L'artiste parvient à donner la plénitude de chaque note avant de chanter la suivante. Mozart occupe une place particulière dans la carrière de la soprano. Elle l'a peu chanté mais on sait que pendant les années de formation en Grèce, à l'opéra national d'Athènes, elle avait à son répertoire des opéras de Mozart.
Au programme de son dernier concert, avant de partir pour l'Amérique, se trouvent des pages de la musique de Mozart, avec notamment un air de "Zerlina", tiré de "Don Giovanni" de Mozart. Son répertoire est extrêmement vaste. Sa professeure, Elvira de Hidalgo, rapporte que Maria Callas était boulimique de musique et capable d'interpréter non seulement la technique mais l'art de l'interprétation à une vitesse supersonique.
La musique française
Le répertoire français est extraordinaire car il met à découvert les registres de la voix. La même Elvira de Hidalgo raconte que pendant la guerre, son élève montait sans aucun problème dans les aigus, notamment jusqu'au mi naturel. Si Maria Callas a des aigus impressionnants, elle possède aussi les registres moyens et graves.
Un air en particulier nous fait entendre ces fameux passages, celui extrait de "Samson et Dalila" de Saint-Saëns, "Mon coeur s'ouvre à ta voix". Dans cet enregistrement datant de 1961, on peut entendre les prises d'air de Maria Callas. Et de manière étonnante, plus la phrase est longue, moins on l'entend prendre sa respiration.
Au coeur du travail de l'artiste
En 1957, Maria Callas travaille "Anne Boleyn", opéra de Gaetano Donizetti, avec à ses côtés l'orchestre symphonique de Dallas et Nicola Rescigno au pupitre. Pour de nombreux amoureux de la diva, toute la force dramatique de la Callas est contenue dans ce document, capté par un micro pirate.
On y entend une voix qui chante pianissimo, presque en murmurant et pourtant, on perçoit toute la fougue, toute l'exaltation de l'interprétation de la musique et ce tempérament ardent de Maria Callas. Tout cela jaillit véritablement au fur et à mesure que s'égrènent les minutes de répétition. La voix se libère de façon magique.
Serene Regard/mh