Il y a cinq ans, OrelSan avait mûri avec "Le chant des sirènes". Après "Perdu d'avance" en 2009, premier album qui "s’inventait une dignité dans les ego-trips" en se vautrant dans la culture des jeux vidéo et des fringues griffées, des films pornos et des bimbos, de l’alcool et du cannabis, Aurélien Cotentin pour l'état civil prenait de la hauteur.
La transition entre post-adolescence et monde adulte de ce fils de professeur semble aujourd'hui parachevée avec "La Fête est finie". Si la fronde et le tranchant de sa plume subsiste, les futilités s'y sont atténuées et le Français laisse davantage de place à la tendresse à côté de l'acidité: entre introspections, chansons d'amour et prise de responsabilité.
"L'album est assez bipolaire", détaille Orelsan à la RTS. "La fête est finie mais pas tout à fait finie...". Comme si le passage à l'âge adulte de celui qui a d'emblée fait polémique avec le morceau "Sale pute" (ndlr: procès gagnés contre des associations féministes) ne signifiait pas encore le grand saut.
Pour ce troisième album, le rappeur français a passé notamment une semaine en Suisse, à La Forclaz (VS), dans un chalet prêté par son ami lausannois Sébastien Strappazzon avec qui il a créé sa marque de streetwear en 2014. Il y a écrit "Notes pour trop tard", dernier long morceau en forme d'adieux à l'innocence de la jeunesse de "La Fête est finie".
A 35 ans, look d'éternel adolescent et débit nonchalant, OrelSan semble avoir désormais simplifié son écriture autant que son existence. Ce qui ne l'a pas empêché de multiplier les projets ces derniers temps. Entre son tandem désopilant avec son compère Gringe au sein de Casseurs Flowters et un récent long-métrage, "Comment c'est loin", évoquant le temps d'avant la célébrité et son rôle de flemmard notoire dans la mini-série "Bloqués" sur Canal +. De quoi essayer d'échapper aux étiquettes et malentendus qui lui ont collé à la peau dès ses premiers flows.
Olivier Horner