Lhasa était une anti-star, bien résolue à ne pas se faire broyer par le succès et ses plaisirs éphémères. Celle qui chantait en espagnol, en français et anglais n’a sorti que 3 albums espacés à chaque fois de 6 ans. Sa musique et sa voix n’ont laissé personne indifférent car elle s'adresse directement à l'âme et nous transperce le cœur.
Tous ceux qui ont cotoyé Lhasa disent d’elle qu'elle était habitée et lumineuse et les chanceux qui ont assisté à l’un de ses concerts se souviennent de cette énergie et de cette émotion intense qu'elle dégageait.
Musique métissée
Sa musique était métissée. Son père, Alejandro Sela, était mexicain; il était professeur d’espagnol et écrivain. Sa mère, Alexandra Karam, était américaine d'origine russo-polonaise par sa mère et libanaise par son père. La chanteuse a vécu une enfance atypique: à bord d’un bus, elle a parcouru avec ses parents et ses 3 sœurs les Etats-Unis et le Mexique durant 7 ans. Elle a gardé de cette expérience un goût prononcé pour un monde imaginaire dans lequel elle aimait tant se réfugier.
Faire rayonner le Québec
Après de nombreux voyages, cette nomade avait fini par poser ses valises à Montréal où elle était venue rejoindre ses sœurs. Elle a fait rayonner le Québec à travers son parcours et ses albums. Lhasa était multiple, une touche-à-tout. Elle chantait, sculptait et peignait. D’ailleurs, la pochette de "la Llorona" est l'une de ses peintures. Un portrait grave, chargé, avec un regard qui pétrifie.
Elle est morte le 1er janvier 2010 à Montréal des suites d’un cancer du sein qu'elle a combattu durant 21 mois. Il paraît que ce jour-là, il a neigé 40 heures non-stop sur la capitale…
Même le ciel s’est incliné devant cette déesse enchanteresse.
Faïrouz Khairy/mh