S'il est délicat de plonger et opérer un choix discographique dans près de soixante ans de carrière, "Rock’n’roll Attitude" apparaît comme la première métamorphose de taille du rockeur belge né à Paris.
Ce titre phare de l’album éponyme paru le 26 mai 1985, comprenant aussi les incunables "Quelque chose de Tennessee" ou "Le chanteur abandonné", a propulsé Johnny Hallyday dans une autre dimension. "Rock’n’roll Attitude" constitue un point de bascule, au même titre que l'album "Gang" publié dans la foulée en 1986 et réalisé par Jean-Jacques Goldman. (lire encadré)
Album concept
Le parcours de Jean-Philippe Smet au civil, ex-idole des jeunes qui a explosé artistiquement dans les années 60 yé-yé qui ont vu le rock et le twist américains se franciser pour le pire et parfois le meilleur, prend un nouveau départ. De rockeur pur surexcité façon fils spirituel francophone d'Elvis Presley, il devient interprète-chanteur plus grave et profond. D'autant que cette collaboration avec Michel Berger, pygmalion de Véronique Sanson, Françoise Hardy et de son épouse France Gall, suit de quelques jours son premier rôle dans le film de Jean-Luc Godard, "Détective", présenté au 38e Festival de Cannes.
Album concept formé de dix titres, "Rock’n’roll Attitude" s'articule autour de la thématique de "la solitude de l’être humain". Avec en guise de fers de lance la ballade "Le chanteur abandonné" ouvrant l’album en mid tempo et que Johnny dit avoir enregistrée en songeant au défunt Claude François, ainsi que "Quelque chose de Tennessee", inspirée de l’écrivain américain Tennessee Williams, dont les pièces ont été interprétées par Marlon Brando ou James Dean, deux modèles avoués de Johnny.
Un chanteur "plus mûr"
Grâce au créateur de l'opéra-rock "Starmania" Michel Berger, Hallyday prend ainsi aussi une nouvelle stature aux yeux du public, celle d’un chanteur "plus mûr et équilibré". Johnny parvient à élargir encore un peu plus son audience, en ralliant à sa cause quelques amateurs de chanson et les désespérés de son rock en toc, sonnant comme un ersatz francophone des ténors américains dont il se réclame.
Johnny Hallyday, légende française du rock, est mort à l'âge de 74 ans
Olivier Horner
Sources: "Johnny, 60 ans" par François Jouffa et Jacques Barsamian (Editions L’Archipel, 2002); Dossier Johnny Hallyday dans "Chorus, les cahiers de la chanson", no 43 - printemps 2003.
Jean-Jacques Goldman prend la suite de Michel Berger
En décembre 1986, un an et demi après le disque sur-mesure taillé par Michel Berger, Jean-Jacques Goldman prend le relais auprès du rockeur patrimonial pour lui tailler "Gang". L'album reste à ce jour l'un des plus gros succès commercial du chanteur.
Cet enregistrement comprend d'autres tubes emblématiques du répertoire de Johnny tels "L’envie", "Je t’attends", "Je te promets" ou "Laura" dédié à la fille qu’il a eue avec Nathalie Baye. Y figure aussi "J’oublierai ton nom", chanté en duo mi-français mi-anglais avec la chanteuse anglaise Carmel.
Si pour "Gang", Goldman a voulu refaire chanter à Johnny des chansons rapides, lui tailler un perfecto de rockeur, c'est pourtant les titres lents, les ballades de la veine de celles figurant sur "Rock'n'roll attitude" qui emportent l'adhésion du public: les tendres "Je te promets" et "Laura" ainsi que "J'oublierai ton nom".