Considéré comme un des plus grands chefs au monde, Valery Gergiev attire à la fois l'argent des sponsors et les meilleurs musiciens dans son sillage. En attirant le chef russe à Verbier, à la tête du Verbier Festival Orchestra, la direction du festival a réussi un gros coup.
Cumul des mandats
Mais si Gergiev est adulé, on lui reproche aussi, notamment en Russie, sa proximité avec Poutine, et son cumul des mandats: à la tête du Théâtre de Mariinsky de St-Petersbourg, Gergiev est directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Munich, mais aussi de plusieurs festivals. Et c'est sans compter son activité privée. Notre correspondante en Russie, Isabelle Cornaz, a fait le décompte: le maestro a dirigé près de 280 concerts la saison dernière.
La place des Russes
Le chef russe a accordé au Festival de Verbier huit jours de présence. De très grands musiciens seront à ses côtés et la qualité sera sans doute au rendez-vous mais la place des Russes interroge et les liens avec le pouvoir également: l'un des principaux sponsors du festival, la Fondation Neva Timtchenko, appartient à un autre proche de Poutine, une collusion gênante pour certains habitués de la station. La Fondation Neva a pour mission de promouvoir la culture russe: en clair, elle finance des concerts de musique russe ou interprétés par des musiciens russes. Il n'est donc pas étonnant que l'on retrouve autant de solistes russes au programme du 25e Festival de Verbier.
Une relation privilégiée
Pour le fondateur et directeur artistique du festival, Martin Engstroem, la relation privilégiée entre les artistes russes et le festival n'est pas récente. Il a lui-même grandi avec ces artistes, qui se produisaient régulièrement dans sa Suède natale. Quant à Valery Gergiev, avec qui il entretient de forts liens d'amitié, il s'est déjà produit six fois à Verbier. "Je le connais depuis 20 ans et je sais qui j'ai engagé. [...] Ce qui compte, c'est le travail qu'il fait à Verbier, pas celui qu'il fait en dehors du festival", rappelle Martin Engstroem.
J'ai engagé l'artiste Gergiev, que je connais depuis très longtemps. Je connais sa passion pour la musique, pour les jeunes, pour tout ce qui est important pour nous à Verbier.
"Nous sommes tous unanimes pour dire que la qualité de son travail dépasse celle de beaucoup d'autres chefs d'orchestre. Et le fait qu'il nous ait donné huit jours dans son emploi du temps un peu fou montre qu'il y a un engagement de sa part", conclut Martin Engstroem.
Sylvie Lambelet/mh