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Le Roi Angus fait régner sa pop bipolaire sur la scène d'Antigel

Le Roi Angus sur la scène du Casino-Théâtre à Genève, le 8 février 2018. [Festival Antigel - dontwatchmedancing]
Le Roi Angus sur la scène du Casino-Théâtre à Genève, le 8 février 2018. - [Festival Antigel - dontwatchmedancing]
Le quintet genevois a verni jeudi soir à Genève son deuxième album, "Est-ce que tu vois le tigre?", dans le cadre du festival Antigel. Chronique d'un retour de règne avec une pop aux humeurs contraires.

Une superbe introduction instrumentale tout en douceurs et clairs-obscurs, quoique hélas interminable (25 minutes!) mais qui affirme au moins d'emblée le caractère pop bien trempé du Roi Angus. Dans la pénombre du Casino-Théâtre jeudi soir, à l'enseigne du festival Antigel, le quintet genevois a ainsi verni de très belle et parfois déroutante manière son deuxième album baptisé "Est-ce que tu vois le tigre?".

En ombres chinoises, les silhouettes des musiciens se dessinent sur des panneaux rectangulaires à l'arrière scène tandis que guitares, basse et batterie entament un dialogue chaleureux, entre pop rétro romantique et légèrement psychédélique.

Fausse naïveté

Setlist du concert du Roi Angus au Casino-Théâtre de Genève, le 8 février 2018. [RTS - Olivier Horner]
Setlist du concert du Roi Angus au Casino-Théâtre de Genève, le 8 février 2018. [RTS - Olivier Horner]

La salle comble, comblée par cette entrée en matière originale habilement scénographiée, ne boude pourtant pas son plaisir à accueillir quelques traités de mélancolies poétiques sur ces canevas savamment orchestrés. Le Roi Angus fait rapidement régner les mélodies et refrains faussement légers ou naïfs de sa pop bipolaire, toujours en équilibre fragile entre variété française et sixties anglo-saxonne, quelque part entre Alain Chamfort, Jean-Claude Vannier, The Animals et The Yardbirds.

Dans ce corpus à l'instrumentation aussi luxuriante qu'évanescente, gravé sur les rives du Bosphore à Istanbul, les Genevois alternent chaud et froid, subtilité et trivialité textuelles, voguent de Bristol au Québec via une île grecque méditerranéenne. Ainsi du fabuleux "Lesbos", chanson hédoniste et dansante qui planque dans ses replis le drame des migrants avec des "corps merveilleux" qui "s'échouent". Mais "On reste à Lesbos, l'enfance du vice, l'enfance heureuse. On va coucher dehors".

>> A voir: session live du Roi Angus au Jardin botanique de Genève dans "La Puce à l'oreille" :

Live du groupe "Le Roi Angus"
Live du groupe "Le Roi Angus" / La Puce à l'Oreille / 3 min. / le 1 février 2018

Plus sentimentalistes, des titres comme "L'été", "Tout ça", "Fatigué", "La toundra" ou "Donne-la moi" affinent la palette de pastels entrevue sur "Îles essentiel", premier album paru voilà trois ans. Avant qu'en guise de rappel le groupe ne décapsule "La Wax", chanson funky et ovni irrésistible qui annonçait il y a quelques mois avec plus de fracas et d'éclat le retour réussi d'un Roi Angus à l'humeur plutôt tempérée.

Olivier Horner

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