Née en Crète en 1934, la chanteuse grecque a fait ses débuts en 1958. Artiste prolifique s'il en est, elle a enchaîné les disques et chanté dans plus d'une dizaine de langues.
Et aujourd'hui encore, elle ne s'en lasse pas. "C'est toujours de la joie et j'avais même très envie de faire un nouveau disque, parce que, à chaque fois que le temps passe, qu'on doit monter sur scène, il nous faut quelque chose à dire de plus qu'avant. On espère trouver quelque chose, il y a une vérité que l'on cherche et cela nous aide à nous renouveler."
Les chansons, c'est aussi continuer à vivre quelque part.
Et à bientôt 84 ans, l'artiste grecque est toujours en quête de la chanson ultime: "Je crois que jusqu'au moment où ça va arriver, je vais chercher." Et l'on sent bien, chez Nana Mouskouri, que les chansons sont un formidable moteur. "C'est aussi continuer à vivre quelque part (…) Et avec l'avance du temps, comme le temps va vite, on arrive à retrouver quelque chose du nouveau monde dans lequel on est en train de continuer à marcher, jusqu'au dernier jour."
Au début de sa carrière, à la fin des années 1950, Nana Mouskouri n'aurait jamais pu imaginer son parcours. "Je n'ai jamais pensé au début que cela allait devenir mon métier, que j'allais être chanteuse professionnelle." Elle quitte la Grèce pour l'Allemagne et la France et décroche son premier Disque d'or en 1961 en Allemagne. "Mais il fallait encore que j'apprenne à être une chanteuse", dit-elle avec humilité.
Personne n'a pensé à mes lunettes jusqu'à mon premier succès.
Pour le public, Nana Mouskouri représente aussi un look unique - lunettes et coupe de cheveux - qui lui a valu bien des misères. "Mes lunettes, c'était un besoin. J'ai toujours été myope", explique-t-elle. "Et personne n'a pensé à mes lunettes jusqu'au jour où j'ai eu mon premier succès, en 1959. Alors, tous les impresarios, les gens du métier, les musiciens ont dit 'ah non, il faut que tu deviennes blonde et que tu enlèves les lunettes'. C'était ça: se donner un genre."
Mais Nana Mouskouri tient bon. "J'ai été parmi les premières femmes de l'époque", se souvient-elle. "J'ai dit non, mes lunettes, mes cheveux ne vous ont pas empêché de m'écouter jusqu'à présent, pourquoi les gens ne m'écouteraient pas plus loin? Laissez-les décider".
La chanteuse dit pourtant en avoir "souffert le martyr" en France, en Allemagne, aux Etats-Unis. Mais "finalement, le public, tout le monde, ce n'est pas pour le look que vous avez qu'ils vous écoutent, ils vous écoutent pour ce que vous donnez avec votre voix, votre culture, avec tout ce que vous faites."
La chanson qui compte le plus
La chanson qui, aujourd'hui encore, lui tient le plus à cœur n'est "pas la plus belle", mais "celle qui compte le plus" dans sa vie. Composée par son ami Manos Hadjdakis pour la pièce de théâtre de Tennessee Williams "Un tramway nommé désir", elle l'a chantée au tout début de sa carrière. "Elle dit que (…) si tu crois en toi, tout peut être réalité. Et ça a été pour moi une leçon dans la vie, parce qu'il faut avoir confiance en ce que tu fais."
Nana Mouskouri sera en concert samedi 10 mars à l'Auditorium Stravinski de Montreux, pour un unique concert en Suisse romande.
Interview: Yves Zahno
Adaptation web: Olivier Angehrn