Un pied dans la chanson traditionnelle des Brel, Barbara, Nougaro, Aznavour et un pied dans le hip-hop actuel, de Booba à Frank Ocean via Stromae , Eddy de Pretto séduit par son style direct, tranchant, âpre, dramatique et parfois grandiloquent.
Des mots qui claquent, un phrasé frontal qui navigue entre slam et chant (avec un timbre qui évoque à la fois celui du Belge Stromae ou du Québecois Pierre Lapointe), des thèmes qui explorent les troubles de l’identité, la question du genre, la virilité ou la violence homophobe.
Le répertoire aussi fragile qu’introspectif de la "Cure" d’Eddy de Pretto connaît peu de failles et parvient à marier aussi bien les cuivres du classique que le piano et des sonorités synthétique très 90’s.
Influences du côté de la chanson, du rap, de la soul, du jazz
Révélé par l’hédonisme parfait de "Fête de trop" ainsi que sur scène aux Transmusicales de Rennes fin 2016, de Pretto lui offre une suite de chansons très maîtrisées sur son premier album, qu’il écrive sur le diktat de l’ego ("Ego"ou celui de la masculinité ("Kid"), sur la dureté de la banlieue ("Beaulieue") et sur son envie de normalité, de banalité.
L'artiste basé à Créteil ne se "revendique ni du rap ni de la chanson" même "si je verbalise sans fioriture mes perditions, mes espoirs et désespoirs, ma réalité et mon expérience de façon décousue", indique-t-il à la RTS. Influencé mélodiquement tant par les chansons françaises qu'écoutait sa mère que le rap d'en-bas de chez lui que par la soul ou le jazz qu'il a beaucoup chanté, Eddy de Pretto pioche dans tous les genres pour nourrir son répertoire au lyrisme aussi urbain que dramatique.
La recette paie en tous les cas puisque avant même la sortie de "Cure", ses concerts affichaient complet, comme à Genève le 21 mars ou fin 2017 à Lausanne. Au point de le propulser au rang de phénomène francophone de ce début d'année.
Olivier Horner
En concert au Festival Voix de Fête, Genève, le 21 mars (complet).