L'être humain augmenté. Telle est l'obsession de Français JB Dunckel tout au long de "H+". Dix ans après "Darkel" et quelque temps après ses projets parallèles Tomorrow's World (2013) et Starwalker (2015) ainsi que quelques bandes originales de films, le chanteur et musicien offre des variations musicales et textuelles autour du transhumanisme.
Dans une série d'entretiens à la RTS, JB Dunckel précise la signification de "H+": "C'est à la fois le symbole de l'atome de l'hydrogène en chimie et le symbole du transhumanisme. H+ comme l'humain augmenté par des gênes, des modifications de son corps, par la technologie, par des prothèses, par des capteurs. Pour augmenter ses possibilités de longueur de vie ou d'intelligence".
L'artiste pour lequel "chaque album est un champ d'expérimentations" esquisse ici avec force synthétiseurs romantiques et réverbérations une bande sonore électro-pop aussi futuriste que parfois érotique aux mélodies ciselées. Autant de bulles cosmiques, toujours hospitalières, qui font flotter un avenir où règne le ”transhumanisme romantique, avec la possibilité en tant qu’homme de ne plus jamais vieillir et faire durer son amour de façon éternelle”.
Des chansons de science-fiction donc, nourrie notamment par le film "Ex Machina" de Alex Garland (2015), que sa voix hermaphrodite propulse dans une apesanteur jamais étouffante et où les couleurs du son semblent toujours changeantes.
Ex-pianiste de chanteurs de variété dans ses jeunes années, collectionneur des vinyles de Kraftwerk et du label Deutsche Gramophon, pour lequel il rêve de signer un jour une oeuvre, JB Dunckel semble appliquer dans "H+" sa devise planante: "La musique est faite pour décoller". Et affirme y pressentir un autre système.
Olivier Horner