À partir des 12e et 13e siècles, le nord de la péninsule indienne est à plusieurs reprises envahi par des armées musulmanes venues d’Asie Mineure. Le contact prolongé et les échanges entre autochtones et envahisseurs engendrent de nombreux changements politiques, sociaux et culturels.
La musique, notamment, est influencée par les arts persan et arabe et il en résulte un style tout à fait nouveau, la musique dite "hindoustanie", la tradition classique de l’Inde du Nord.
Au sud du pays, en revanche, l’hindouisme règne en maître et la musique continue à se développer dans le sens de l’impulsion originale donnée à partir de la plus haute antiquité par les Védas, les textes sacrés de la tradition sanscrite. On l’appelle "carnatique", d’un mot tamoul qui signifie "ancien" ou "traditionnel", mais sans pour autant exclure l’idée d’innovation.
Au contraire, l’histoire de la musique carnatique a ses héros et ses révolutionnaires, des compositeurs inspirés dont certains sont vénérés comme des saints.
Ainsi dans le district de Tanjore, dans le Tamil Nadu, dans la seconde moitié du 18e siècle, trois artistes géniaux, Tyagaraja, Muthuswami Dikshitar et Syama Sastri, renouvellent le genre avec bonheur et composent une oeuvre tellement parfaite, abondante et riche qu’on les appelle aujourd’hui "la Trinité".