"Depuis l’ouverture de la Chine en 1978, les musiques alternatives connaissent un essor fulgurant à l’image de l’évolution du pays. À Pékin, la scène indépendante fédère un nombre croissant de groupes, labels, disquaires et clubs, autour d’une même veine contre-culturelle qui transcende les obédiences musicales traditionnelles", relève la journaliste française Coraline Aim dans "Red Flag, une histoire du rock chinois" (Le Mot et le Reste).
Les groupes s'inspirent du rock occidental dans un répertoire fait de textes politiques ou chroniques du quotidien tout en veillant à ne pas franchir les limites imposées par le Parti communiste qui a la censure aisée.
Ces héritiers de la Révolution culturelle impose peu à peu le rock comme un mode de vie alternatif. Ils découvrent aussi quelques groupes occidentaux sur scène qui les influenceront durablement: ainsi des synthétiseurs de Jean-Michel Jarre, qui est le premier artiste occidental à se produire live pour cinq concerts en Chine en 1981, avant la pop de Wham! en 1983. Tandis que U2, Björk ou Radiohead restent pour leur part interdit de territoire chinois malgré d'énormes festivals rock comme le Strawberry à Shangaï qui se sont développés et ouvert depuis aux groupes américains et européens.
Naissance de l'hymne du rock chinois en 1986
C'est le 9 mai 1986 que naît la chanson contestataire "Je n'ai rien" de Cui Jian, qui devient l'hymne du rock chinois et celui des étudiants protestataires de la place Tiananmen tout en signant sa véritable naissance. Par la suite, le chanteur Cui Jian, considéré comme l'un des pionniers du rock chinois, sera invité sur scène par les Rolling Stones qui respectent cette figure hautement symbolique.
Suivront d'autres formations comme Breathing (Huxi), Cobra, Zang Tianshuo's 1989, Chi Zhigiang, Dou Wei, Kaiser Kuo, Zheng Jun ou, plus récemment, Infaillible et Black Panther (Hei Bao), l'un des groupes les plus connus.
Oscillant longtemps entre essor et déclin au rythme de la censure médiatique notamment du régime, le rock chinois connaît un regain avec l'avènement d'Internet qui va permettre de doper sa créativité et d'investir à peu près tous les sous-genres du rock.
Interview: Ellen Ichters
Adaptation web: Olivier Horner