A la fin des années 80, la musique anglo-saxonne est devenue omniprésente, à la télévision comme à la radio, ce qui désole les milieux artistiques.
Mais la résistance s'organise et plusieurs pays européens ont la même idée pour protéger leur culture de la domination américaine, les quotas. En 1996, la France impose sa règle: 40% des morceaux diffusés à l'antenne doivent être chantés en français, peu importe qu'il s'agisse d'Etienne Daho ou Stefan Eicher.
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L'année suivante, inspirée de l'exemple français, une motion est déposée par le conseiller national Josef Zisyadis qui propose un quota linguistique régional fixé à 40%. L'idée est toujours la même, défendre la culture européenne face au colonialisme américain. Mais le Parlement n'est pas emballé, et les milieux artistiques non plus. Ils perçoivent immédiatement les limites de cette démarche: discriminer tous les artistes qui chantent en anglais même s'ils sont tessinois comme le groupe Gotthard ou genevois comme les Young Gods.
Quotas indigènes plutôt que linguistiques
Un an plus tard, une pétition est déposée à Berne. Cette fois, on ne parle plus de quotas linguistiques mais indigènes: 10% des morceaux doivent être produits en Suisse. Une solution qui satisfait nettement plus les milieux musicaux mais laisse tout de même perplexe. La Suisse est un petit pays, sa production musicale n'est peut-être pas aussi foisonnante que celle de ses voisins et les radios ne sont pas certaines de trouver assez d'artistes locaux pour remplir leur émission, même avec un quota à 10 ou 20%.
C'est la raison pour laquelle les diffuseurs, notamment la SSR, préfèrent parler d'objectif à atteindre plutôt que de quotas.
Les quotas comme un marronnier
Mais l'idée d'imposer des quotas n'a jamais disparu. Ses partisans reviennent régulièrement à la charge. Par exemple, en 2013, par le biais d'une motion déposée par le conseiller national genevois Luc Barthassat, grand fan de Johnny Hallyday.
A noter qu'au fil des ans, les exigences ont constamment été revues à la hausse. En 1998, les défenseurs des quotas demandaient 10% de musique suisse; en 2004, 25%, et aujourd'hui 40%.
Renaud Malik/mcm