Sophie Huber avait déjà signé un documentaire sur l’acteur Harry Dean Stanton. Elle prolonge sa quête du geste artistique avec le documentaire "Blue Note Records – Beyond the notes".
Pas besoin d’être un grand connaisseur de Bud Powell, Miles Davis, Thelonious Monk, ou Sonny Rollins, pour apprécier cette immersion au coeur d’un label qui a toujours privilégié l’indépendance et la liberté plutôt que la rentabilité et le succès.
Le sens et la nécessité du jazz
Blue Note Records a été créé en 1939 par Alfred Lion et Francis Wolff, deux juifs allemands qui ont fui le nazisme en se réfugiant à New York. Victimes eux-mêmes des persécutions antisémites, ils vont parfaitement comprendre le sens et la nécessité du jazz et de ses musiciens afro-américains.
A travers des interviews avec des légendes comme Herbie Hancock ou Wayne Shorter, des films et des photos d’archives, et des séances d’enregistrement actuelles, Sophie Huber donne à sentir, à vivre, le son Blue Note.
Des souvenirs d'enfance
Aujourd’hui dirigé par Don Was, le label a su s’ouvrir à des artistes comme Bobby McFerrin et Norah Jones, et a été samplé par des rappeurs comme Kendrick Lamar, ou le groupe A Tribe Called Quest.
Pour son documentaire, Sophie Huber s’est aussi souvenue de ses premières rencontres avec le jazz, enfant, avec son père. Et notamment de l’écoute d’un disque Blue Note, l’album live de Art Blakey, "At the Café Bohemia".
Souffle d'indépendance
Quant au présent, il est pleinement vécu grâce à des séances d’enregistrement que Sophie Huber a pu suivre de l’intérieur.
Le résultat est sublime, enthousiasmant et vivant. Tout sauf passéiste, il parvient à faire sentir ce souffle d’indépendance, de liberté, que Blue Note a toujours privilégié. Nonante minutes de bonheur, pour les yeux comme pour les oreilles.
Rafael Wolf/aq