Les chansons fruitées de Pomme pour vernir la "House of Jazz" de Montreux

Dans le sillage des récentes chanteuses françaises Fishbach, Juliette Armanet ou Clara Luciani, Pomme sera-t-elle la prochaine révélation de la chanson folk-pop?

En tout cas, à 22 ans, Claire Pommet de son vrai nom, qui joue de la guitare, du violoncelle et de l'auto-harpe, ne manque pas de talent ni d'allant. Au fil d'"A peu près", son premier album paru l'an dernier, sa folk-pop sentimentale et mélancolique mais pas fleur bleue séduit. Sous le charme de Dolly Parton et Joan Baez, obsédée par Barbara, sa "déesse", elle chante le passage de l'adolescence à l'âge adulte avec une maturité d'écriture étonnante. A l'aide d'un petit autel scénique où cette Lyonnaise fétichise Miyazaki sur un petit autel où trônent des portraits de Chihiro notamment.

Un entre-deux fait d'amours tragiques, de tourments, de mal-être et de questionnements qui la fait chanter "grandir, c'est décevoir un peu" et où le thème de la mort affleure régulièrement. "La mort me fait peur depuis l'âge de 14 ans. Dans mes chansons, j'essaie de la démystifier au lieu d'en faire une angoisse. Comme dans "De là haut" qui traite exclusivement de cela", explicite-t-elle à la RTS.

La jeune femme, débarquée en toute décontraction à Montreux et l'air encore en adolescence avec sa salopette short rouge à carreaux avec imprimés Disney, confesse encore d'autres obsessions. Moins pesante, à l'image de la country music, dont elle connaît la moindre inflexion historique et qu'elle a longuement écouté, disséqué, vers ses 16-17 ans. Tandis que les amis de sa génération s'injectent à forte dose de l'électronique, du hip-hop ou du rock, Pomme lit des ouvrages sur "l'histoire de la country, écoute Slim Whitman, pape américain du country yodel dans les années 40 et 50."

Timbre légèrement voilé

La voix de Pomme ne charrie pourtant pas les afféteries de la country, se révèle plus brute à la façon des héroïnes de la folk. Son timbre légèrement voilé-éraillé a séduit en première partie d'artistes comme Vianney, Louane, Olivia Ruiz, Cœur de Pirate, Benjamin Biolay et Yael Naim.

Malgré son immersion intense dans la culture musicale américaine, elle avoue pourtant se sentir plus à l'aise avec la langue française dans son répertoire. "J'ai l'impression sinon que la chanson ne m'appartient pas".

Son premier album "A peu près" démontre en tout cas un naturel et une fragilité déconcertants, qui devrait lui faire traverser plus aisément l'âge adulte.

Olivier Horner