Nouvelle vie pour Walter Gavitt Ferguson, le roi oublié du calypso

Entre la Suisse et le Costa Rica, il n’y a pas qu’une affaire de crampons. On trouve aussi une opération mondiale de sauvetage musical. Message sur les réseaux sociaux: "Si vous êtes allés au Costa Rica, dans la province de Limon, entre 1975 et 2000, peut-être possédez-vous une cassette de Walter Gavitt Ferguson? Envoyez-là nous!".

Fan de calypso, amoureux de ce pays, le Bernois Niels Werdenberg a été entendu. Neuf cassettes sont réapparues au Canada. Et aujourd’hui, la maison de disque genevoise Bongo Joe peut sortir en format digital, vinyle et CD le premier volume des "Legendary Tape Recordings" de Walter Gavitt Ferguson, retraité des concerts, mais toujours accueillant à Cahuita et son imprenable vue sur la mer des Caraïbes.

La plupart des cadors du calypso sont décédés. Exit Lord Kitchener, Mighty Sparrow, Dictator ou encore Migthy Terror et Blind Blake… Harry Belafonte, 91 ans, vit encore, mais pour les puristes, il représente une version très américanisée et commerciale du vrai calypso. Il n’y a plus guère que Calypso Rose pour courir encore le monde et porter le flambeau de l’une des musiques les plus dansantes des Antilles.

Un petit miracle

La (re)découverte de Walter Gavitt Ferguson, citoyen de la minorité anglophone du Costa Rica tient donc du petit miracle dont rêve tous les fans de musique. Pour gagner son pain, Walter Gavitt Ferguson enregistrait à la fraîche ses compositions sur une cassette vierge. Il notait les titres à la main et vendait cet objet unique au touriste de passage. Son fils Peck Ferguson estime le répertoire paternel à 200 titres originaux dispersé sur des centaines de cassettes à travers le monde.

Discrétion absolue

Et si Walter Gavitt Ferguson est resté une légende discrète chez les aficionados du genre, c’est que le bonhomme n’a jamais enregistré de véritable disque sous son nom, se contentant de s’accompagner sobrement à la guitare acoustique. Des ethnomusicologues lui ont rendu visite, mais ce nom ne figurait pas toujours sur les pochettes et ses compositions étaient (non) créditées sous l’appellation "folklore".

Un festival en son honneur

Justice lui est enfin rendue aujourd’hui, y compris financièrement. A Cahuita, un festival calypso très populaire porte désormais son nom. Il était temps, Walter Gavitt Ferguson vient de fêter ses 99 ans.

Thierry Sartoretti/aq

_{>> Le site The Walter Gavitt Ferguson "Tape Hunt"}