Lorsqu'on a pas connu la période bénie de la Motown, Leon Bridges constitue assurément une idéale session de rattrapage soul. Le jeune homme, originaire du Texas dont il arbore fièrement la carte sur le biceps gauche, manière d'affirmer aussi son identité noire dans un Etat très Wasp, ne se montre pourtant pas très loquace en la matière à l'heure de l'interview mardi avant son concert au Montreux Jazz Lab.
"J'ai découvert Earth Wind & Fire, Stevie Wonder et Curtis Mayfield qu'écoutait mon père. Une graine a été plantée à ce moment-là et c'est sans doute de là que vient mon fétichisme pour les classiques de la soul", explique à l'émission "Paradiso" de la RTS le chanteur de 28 ans révélé voilà trois ans déjà sur la Riviera vaudoise.
Après deux nominations au Grammy Awards et une invitation à chanter à la Maison Blanche pour Barack Obama depuis son premier album de soul rétro très référencé, le jeune homme essaie de trouver sa propre voie plutôt que d'invoquer les voix d'Otis Redding ou encore Ray Charles.
Aborder de façon poétique des sujets politiques
Il dit aujourd'hui avoir voulu se montrer davantage néo-soul et jazzy pour son nouvel album baptisé "Good Thing": "J'y poursuis la tradition soul des sixties mais en expérimentant, en essayant de trouver une touche plus personnelle et contemporaine. Mais c'est difficile de trouver un bon équilibre. J'ai tenté aussi d'y aborder de façon poétique des sujets politiques, sur la chanson "Bad Bad News" par exemple. La question du racisme aux Etats-Unis qu'a soulevé avec force le mouvement Black Live Matters m'a notamment inspiré".
"They tell me I was born to loose", ose à présent chanter Bridges, passant soudain du divertissement soul à une profondeur plus mature. Comme quoi le feutre soul pourrait aussi laisser des traces.
Olivier Horner
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