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La superproduction pop et animée de Gorillaz rassasie le Paléo Festival

Le collectif Gorillaz emmené par son chanteur et créateur en chef Damon Albarn au Paléo Festival de Nyon, le 19 juillet 2018. [Paléo - Nicolas Patault]
Le collectif Gorillaz emmené par son chanteur et créateur en chef Damon Albarn au Paléo Festival de Nyon, le 19 juillet 2018. - [Paléo - Nicolas Patault]
La formation britannique Gorillaz emmenée par le chanteur Damon Albarn a déménagé son décorum de péplum sonore et visuels jeudi soir sur la grande scène du Paléo Festival de Nyon. Un show très attendu, hors normes et impressionnant, parfois indigeste.

Un décorum digne d'une superproduction. Quand Gorillaz débarque à Nyon pour faire son cinéma musical, c'est six semi-remorques et une troupe de 100 personnes (musiciens, techniciens, employés en coulisse) qui permettent au spectacle scénique d'un projet originellement virtuel de prendre vie, nous apprend le quotidien La Côte de jeudi.

Une puissance de feu colossale à la (dé)mesure du show pop et animé avec pléthore d'invités vocaux que propose la formation britannique emmenée par son désormais iconique chanteur Damon Albarn. Avec Gorillaz, l'âme de Blur par ailleurs producteur en chef du projet Africa Express entre autres s'offre un terrain de jeu stylistique et esthétique télescopant les genres musicaux pour mieux bousculer les formats de la pop. Une boulimie que traduit parfaitement leur flambant neuf sixième album intitulé "The Now Now" dont ils font couler une partie de la sève à Nyon, huit mois après la présentation du moins inspiré "Humanz" à l'Arena de Genève.

Torpeur momentanée

Vingt ans après avoir imaginé avec le graphiste Jamie Hewlett sa bande sonore et dessinée réunissant quatre personnages virtuels, Albarn a en tout cas multiplié par trois le nombre de contributeurs musicaux sur la grande scène de Paléo. Soit douze musiciens (dont deux batteries pour le groove) et choristes officiant toutefois parmi leurs nombreux visiteurs nocturnes, dont la rappeuse londonnienne Little Simz programmée un peu plus tôt au Détour qui s'est particulièrement distinguée

C'est cette jeune révélation du hip-hop britannique, époustouflante mitraillette verbale sur "Garage Palace", qui sort le spectacle de la torpeur dans laquelle il s'était momentanément plongé à force d'empiler ou superposer les couches sonores de pop, de hip-hop, de rock, de soul, d'electro, les clips avec des apparitions sur l'écran du fond de Snoop Dog, des visuels de manga ou des signaux sinusoïdaux multicolores.

Le leader de Gorillaz Damon Albarn au Paléo Festival de Nyon, le 19 juillet 2018. [Keystone via AP - Laurent Gillieron]
Le leader de Gorillaz Damon Albarn au Paléo Festival de Nyon, le 19 juillet 2018. [Keystone via AP - Laurent Gillieron]

Passé un premier tiers temps passionnant introduit par le "hello" en lettrines animées qui annonce "M1 A1", titre très rock de l'album phare éponyme de Gorillaz qui comprenait aussi l'inoxydable perle mélodique "Clint Eastwood" que la troupe dégainera triomphalement en épilogue, la machinerie Gorillaz s'enlise ainsi quelque peu. En dépit des sauts de cabri initiaux du classieux maître de cérémonie en sweat shirt canari qui fait déjà étalage de tous ses talents artistiques (à la guitare, au mélodica, au micro devant les premiers rangs du public pour l'élégant et imparable "Rhinestone Eyes" extrait de "Plastic Beach").

Mille visages

Ce passage à vide paradoxalement débordant d'énergie ("Superfast Jellyfish", Strobelite" ou "Hollywood" avec les scansions ou chants plus soul des Américains Peven Everett ou Jamie Principle en guest star) est interrompu par une dernière partie moins tapageuse. Où se démarquent notamment en mid tempo "Stylo" avec Albarn au piano, le mélancolique "Magic City" sous le soleil californien, un "Lake Zurich" soudain lémanique, "Feel Good avec Pos et Dave de De La Soul, "Dirty Harry" à la façon des Beastie Boys, "Kids With Guns". Au final, c'est un Gorillaz aux mille visages pas toujours lisibles mais animés, entre trop plein, fulgurances et accalmies qui prend congé d'un public aussi rassasié que conquis.

Olivier Horner

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"Jamais on aurait imaginé être encore là aujourd'hui". Damon Albarn était de passage au Paléo Festival avec son groupe Gorillaz / 19h30 / 2 min. / le 20 juillet 2018
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