"Les ombres rouges", une saga d’été pour la fin de l’hiver

"Les ombres rouges" c’est d’abord une véritable révolution dans le paysage audiovisuel français: ce genre de série extrêmement balisé et défini, la saga d’été, devient saga d'hiver. Mais surtout, cette mini-série de C8, respecte à la lettre le cahier des charges des sagas d’été. En y ajoutant une bonne dose d’intrigue policière, qui lui confère un intérêt supplémentaire, pas négligeable.

Nous sommes en 1993. La petite Clara Garnier est kidnappée. Les ravisseurs demandent une rançon et l’échange de l’argent contre la fillette se termine dans un bain de sang: la  mère de Clara meurt et l’enfant disparaît.

Sur les traces de la soeur disparue

Vingt-cinq ans plus tard, la sœur aînée de Clara, Aurore, est devenue officier de police. En enquêtant sur un meurtre, elle découvre des indices qui indiquent clairement que Clara est toujours en vie. Aurore va suivre cette piste, contre la volonté de ses frères et de son père qui craignent de voir se dévoiler les secrets de la famille.

Avec un tel scénario, la série "Les ombres rouges" reste fidèle à la narration propre aux sagas d’été. Les figures imposées passent d’abord par la présence d’une famille autour de laquelle tout le scénario va se tricoter. Pas n’importe quelle famille: plutôt aisée, voire très aisée et forcément rongée par un terrible secret qui, ici, se concentre autour de l’enlèvement de Clara.

Autour de Marseille

Dans "Les ombres rouges", l'action se déroule non pas dans une maison mais plusieurs, toutes situées sur les hauteurs ou dans les alentours de Marseille, la "maison familiale" étant un autre paramètre inoxydable des sagas. C’est autour de l’hôtel de luxe avec golf et casino que les appétits se cristallisent, car le grand-père Garnier, patriarche absolu, veut le mettre en vente.

Dans 65% des sagas, le héros est une héroïne. Elle fait preuve d’un tempérament fort, c’est une battante qui se laisse très difficilement démonter et encore moins abattre. Le personnage d’Aurore, qui endosse le costume d’héroïne est un peu différente. Elle a des failles et en souffre: Clara a été enlevée quasiment devant ses yeux alors que sa grande sœur devait la surveiller au lieu de "fricoter" avec un gars à quelques dix mètres de là.

Comme une tentative de soigner sa culpabilité, Aurore a choisi d’entrer dans la police avec l’objectif principal de retrouver sa petite sœur. Depuis de nombreuses années elle traque chaque indice qui pourrait plus ou moins être en relation avec le kidnapping. Et, à chaque fois, Aurore irrite autant tout son commissariat que sa famille, toutes ces pistes n’aboutissant jamais. Jusqu’à ce que…

Dernier passage obligé de la saga, le méchant. Qui se confond parfois avec l’héroïne. Ce vilain appartient presque toujours à la famille. Il était d'ailleurs assez inutile d’avoir sous-titré "Les ombres rouges" avec cette phrase: "Et si l’ennemi était dans la famille…"

Polar et saga

Ce n’est pas simplement parce qu’elle colle à la charte des sagas d’été, ni parce qu’elle est diffusée en hiver, que la mini-série "Les ombres rouges" retient notre intérêt.

Si la saga d’été est un genre qui compte pas mal d’aficionados, nombreux sont aussi ceux qui les détestent. Mais le scénario et ses rebondissements séduisent très vite, la réalisation également. Bien que très classique, la mini-série laisse la part belle au rythme et au genre thriller.

Enfin, à une ou deux exceptions près dans les petits rôles, la distribution est excellente et les performances remarquables des comédiennes et des comédiens sont plutôt rarissimes dans ce genre.

Pascal Bernheim/mh

_{"Les ombres rouges", RTS Un, di 24 février (épisodes 1 et 2), di 3 mars (épisodes 3 et 4) et di 10 mars (épisodes 5 et 6), 15h20. Disponibles sur PlayRTS pendant 14 jours après la diffusion.}