Co-produite avec la chaîne anglaise Sky, "Chernobyl" a été pensée et écrite par Craig Mazin, un scénariste que l'on a plus l'habitude de voir au générique de comédies comme "Very Bad Trip 2" et Very Bad Trip 3".
Pour cette série, il s'est longuement documenté sur le sujet, regroupant tous les témoignages et les interviews de l'époque, plus ou moins officiels. Parce que le départ de l'explosion est entouré de secrets.
Un déroulement minute par minute
Lorsque l'explosion survient, au tout début du premier épisode, on la voit de loin. Par la petite porte. Ou plutôt par la fenêtre de la maison d'une habitante de la ville. Son mari est pompier et doit se rendre immédiatement à la centrale. "C'est sûrement un petit incendie de rien du tout", lui dit-il.
>> Revoir notre page revenant minute par minute sur la catastrophe : 26 avril 1986, le jour où Tchernobyl a traumatisé l'Europe
L'étau se resserre ensuite et la caméra nous plonge au coeur de la centrale, aux côtés des ingénieurs paniqués, qui semblent dépassés. On suit celui qui va découvrir que le cœur du réacteur numéro 4 est en feu, et qui va y laisser sa peau. Dans les deux sens du terme. Son chef est soit dans le déni, et refuse de croire que la situation est critique, soit il a trop peur d'avouer la vérité au directeur de la centrale. Un directeur qui ne veut pas entendre la vérité, malgré sa rapide installation dans un bunker protégé.
Puis viennent les politiques, qui n'auront qu'une obsession: sauvegarder l'honneur de l'Etat.
Différents points de vue
En quelques minutes, le téléspectateur est happé par ce scénario de film catastrophe, aux conséquences bien réelles, grâce à la narration très fluide qui nous balade entre le peuple, la planque des politiques, les bons samaritains et les scientifiques. Autrement dit, tous les acteurs de la tragédie qui, à l'époque, a effrayé le monde entier.
Ces différents points de vue paraissent essentiels. Ils mettent en exergue le gouffre qui sépare la population qui n'est au courant de rien, et les dirigeants qui préfèrent mentir plutôt que d'affronter la réalité.
Belle et glaçante
Au-delà du fort intéressant contexte géopolitique et du drame en lui-même, que l'on redécouvre en détail, la mini-série séduit par sa réalisation. La mise en scène est sobre, mais réaliste, sans en faire trop. Le réalisateur suédois Johan Renck nous plonge dans une ambiance glauque, qui prend parfois des airs de films d'horreur. "Chernobyl" ne nous épargne ni les plaies ni les faiblesses de la nature humaine.
Avec son casting 5 étoiles, comprenant notamment Jared Harris, Stellan Skarsgard et Emily Watson, "Chernobyl" est une vraie bombe: glaçante, puissante et fascinante à la fois. Son seul petit défaut est de ne pas avoir été tournée avec des acteurs russophones.
Crystel Di Marzo/ld
"Chernobyl", une mini-série diffusée dès lundi 24 février sur RTS Un et à voir en replay sur PlayRTS.