Habitué aux reconstitutions historiques et aux récits inspirés d'histoires vraies, David Simon est également derrière "The Wire", "Treme", "Show me a Hero" et "The Deuce".
Dans "The Plot against America", mini-série en six épisodes, même si c'est "pour de faux", sa mise en scène est toujours aussi cruellement réaliste.
Une Histoire alternative
Nous sommes en juin 1940. Herman Levin vit avec sa femme, ses deux fils et son neveu dans un quartier juif de la classe moyenne à Newark, New Jersey. II y a aussi l'oncle, la tante et la grand-mère dans cette famille dont la vie va être bouleversée lorsque l'aviateur Charles Lindbergh, sympathisant nazi, se présente aux élections contre Roosevelt.
Lindbergh promet que l'Amérique n'entrera pas en guerre s'il est élu. C'est d'ailleurs son slogan en campagne: "c'est moi ou la guerre". Une promesse séduisante qui va faire son effet et qui va venir briser l'équilibre d'une famille jusque là très unie.
"The Plot against America" imagine l'arrivée de l'antisémitisme aux Etats-Unis avec la montée vicieuse d'un régime totalitaire et de l'intolérance, qui se répand comme une traînée de poudre.
Une famille divisée
En se centrant sur la famille Levin, la série montre comment la politique peut séparer non seulement une famille, mais également un même peuple.
Pendant que la mère reste pragmatique, le cadet fait des cauchemars et le père s'énerve. Ce dernier refuse de quitter son pays pour le laisser aux fascistes.
Quant au fils aîné et à la tante, ils se laissent séduire par les propos et les promesses de Lindbergh, et s'enfoncent dans le déni.
La fiction dans la réalité... ou le contraire?
"The Plot against America" est un drame, au rythme lent, particulièrement durant les deux premiers épisodes. Un tempo qui en rebutera certains, mais qui s'oublie facilement lorsqu'on s'immerge dans le quotidien de ces personnages si bien campés.
Boostée par un casting luxueux, on citera notamment Winona Ryder, John Turturro et Zoe Kazan, ainsi que par une réalisation soignée aux décors somptueux, la mini-série de David Simon et Ed Burns, les scénaristes et producteurs de "The Wire", est à la fois effrayante, pour son côté "et si ça s'était passé comme ça?", et pertinente. Car avec la fiction dans la réalité – ou est-ce la réalité qui s'invite dans la fiction? - "The Plot Against America" peut se voir comme un miroir de la politique actuelle.
Donald Trump non plus on ne l'imaginait pas gagner, et pourtant son discours populiste, comme celui de Lindbergh dans la série, a séduit les foules.
Crystel Di Marzo/ld