Le titre de cette mini-série est assez complexe à traduire, dans la mesure où il n’y a pas de mot équivalent en français. En anglais, "undoing", autant verbe que substantif, est assez polysémique. Cela va de la nature de quelque chose qui se défait, s’annule, s’efface, voyez le célèbre "undo", ctrl ou cmd-Z, qu’on pratique sur les claviers de nos ordinateurs. Existe aussi cette notion de vouloir réparer, par exemple une situation désagréable voire catastrophique dans laquelle on se trouve. Enfin, "undoing" suppose encore l’idée de perte, de ruine.
Du grand au petit écran et retour
Nicole Kidman est une actrice de cinéma plutôt active dans le monde des séries. Ça commence en 2017 dans la deuxième saison de la série de Jane Campion "Top of the Lake", avec Elisabeth Moss. La même année sort "Big Little Lies", qu’on a notamment pu voir sur RTS Un. Nicole Kidman y campe une maman de deux petits garçons dont le papa, lui, n’est pas exactement un gentil garçon. Ni avec elle, ni avec d’autres femmes… La deuxième saison de "Big Little Lies", sortie en 2019, toujours avec Nicole Kidman, est un peu moins convaincante que la première. Et voici qu’arrive en 2020 "The Undoing".
Toujours maman, d’un mari l’autre
Nicole Kidman joue encore une fois le rôle d’une mère accompagnée encore une fois d’un mari toxique, certes moins violent, mais pour autant pas un cadeau non plus. Dans le rôle du mari pas cadeau, Hugh Grant, très convaincant dans ce rôle à contre-emploi bien loin de "Coup de foudre à Notting Hill" et autres "Bridget Jones".
Grace et Jonathan Fraser (Nicole Kidman et Hugh Grant) forment un couple fortuné de New York. Elle est psy, spécialisée dans la thérapie de couple. Lui est oncologue pour enfants, réputé non seulement pour ses talents de médecin mais aussi pour apporter son bienveillant soutien à ses jeunes patients et à leur famille. Le fils, Henry (Noah Jupe), douze ans, est un élève doué et discipliné. La famille Fraser, très respectée dans son cercle social huppé, c’est un peu la vie rêvée de la famille heureuse qui réussit, situation parfaitement calibrée pour être passés au laminoir du déclin.
De Charybde en Scylla
Jonathan Fraser a soigné Miguel (Edan Alexander), un jeune garçon qui fréquente la même école privée haut de gamme que son fils Henry. Elena (Matilda De Angelis), la maman de Miguel, est une artiste qui vient d’accoucher d’une petite fille. Elle rencontre Grace pendant la préparation de la traditionnelle soirée de recherche de fonds supposée assurer le socle financier nécessaire à l’école de leur progéniture.
Cette jeune femme très séduisante va le devenir très rapidement beaucoup moins, son fils la retrouvant mortellement défigurée à coups de marteau. C’est à ce moment-là que le bon docteur Fraser disparaît. Censé participer à un congrès d’oncologie en dehors de New York, il ne s’y trouve évidemment pas. Son épouse Grace va alors aller de découvertes en désillusions, soutenue par son fils qui va endosser le rôle de la voix de la raison, quasiment parentale. La mère et le fils se réfugient chez l’extrêmement richissime papa de Grace, Franklin Reinhardt (Donald Sutherland).
Vernis et botox ne cachent pas la vacuité
Cette peinture sociale de la société huppée est nettement moins réussie que celle de "Big Little Lies", au point qu’il émane du scénario chétif et convenu comme une odeur de réchauffé. Pourtant il s'agit du même scénariste, David Kelley. Le manque de surprise et d’épaisseur psychologique nous laisse en surface, à l’image de la mise en scène, léchée, qui ne propose qu’une esthétique assez vide de sens. Heureusement, répétons-le, les performances des acteurs séduisent.
Cependant, le bât blesse du côté de Nicole Kidman. Reléguée par le scénario au rang de gravure de mode, même si l’actrice prétend n’avoir jamais eu recours à la chirurgie esthétique, son visage se fige de plus en plus au point de n’avoir quasiment plus qu’une seule expression quel que soit le sentiment qu’il tente de faire passer. Les commissures de la comédienne sont de plus en plus ravinées, laissant augurer un futur facial à la Kim Novak. Moche.
Se défaire de "The Undoing"?
Si nous nous noyions sous une avalanche de bonnes séries, ce qui est loin d’être le cas, nous pourrions éventuellement faire l’impasse sur "The Undoing". Et bien que j’émette des réserves, la série est quand même loin d’être nulle. J’ai pu, comme mes consœurs et frères, voir cinq des six épisodes: après le cliffhanger de la fin du cinquième, je vous mentirais si je prétendais ne pas être impatient de regarder le dernier!
Pascal Bernheim/mh
"The Undoing" sur RTS Un, un épisode chaque lundi vers 22h30 et sur RTS Play (VF et VOSTFR), épisodes disponibles jusqu'au 3 janvier 2021.