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"Le Jeu de la Dame", la série qui rallume la fièvre des échecs

Le Jeu de la dame, série de Netflix, est synonyme de regain de popularité pour le jeu d'échecs. Les clubs romands en profitent.
Le Jeu de la dame, série de Netflix, est synonyme de regain de popularité pour le jeu d'échecs. Les clubs romands en profitent. / 19h30 / 2 min. / le 16 novembre 2020
"Le Jeu de la Dame", série produite par Netflix, raconte le destin d’Elisabeth Harmon, prodige des échecs. La fiction rencontre un vif succès d'audience en Suisse et à l’international, où les adeptes du jeu semblent être toujours plus nombreux.

"Le Jeu de la Dame" est une série en sept épisodes produite par Netflix, adaptée du roman de Walter Tevis "The Queen's Gambit" (le sacrifice de la dame), publié en 1983 .

La fiction se situe dans les années 1950-1960 aux États-Unis et raconte l'ascension fulgurante de Beth Harmon, orpheline surdouée et addicte aux médicaments, dans l’univers très masculin des échecs.

La série, précieusement documentée, a bénéficié de l'expertise de l’illustre joueur d’échec russe Garry Kasparov, ancien champion du monde. Le personnage de Beth Harmon est en partie inspiré de Bobby Fischer, prodige américain devenu champion du monde en 1972 à l'issue du "match du siècle" contre le Soviétique Boris Spassky, durant la Guerre froide.

Regain de popularité

La série suscite l’effervescence chez les amateurs du noble jeu. Selon le journal Le Figaro, le site "Apprendre les échecs en 24h" a vu son nombre de visiteurs multiplié par 10 - de 600 à 6000 par jour - depuis la diffusion de la série. D’après le quotidien britannique The Independent les recherches de jeux d'échecs ont augmenté de 273% sur le site d'enchères Ebay, dans les dix jours suivant l'arrivée du show sur Netflix.

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Au-delà de la série, les effets de la crise sanitaire et du confinement auraient pu avoir un impact sur l’augmentation du nombre de joueurs. À l’instar de la plateforme de jeux vidéo Twitch, où le nombre d’heures d’échecs regardées sur le site a explosé depuis mars, atteignant les 8 millions d’heures au mois de mai, selon le site spécialisé StreamElements.

Engouement en Suisse

La fièvre des échecs semble aussi gagner la Suisse, où l’émulation est présente dans les clubs. Malgré les fermetures imposées par le Covid-19, le nombre de joueurs a augmenté de 30% cette année au cercle d'échecs de Nyon. "Il y a plus de membres, surtout chez les jeunes. On s'inquiétait un peu à cause de la crise sanitaire, mais il semble que cette dernière a poussé les jeunes à s’intéresser aux jeux d'échecs en ligne avant d’adhérer à un club pour l’aspect social", analyse David Lugeon, président du cercle d’échecs de Nyon, lundi dans le 19h30.

Les moyens d’accès aux tactiques du jeu se sont aussi démocratisés avec les nouvelles technologies. "Il est plus facile d’aborder les compétences du jeu avec internet. Avant pour avoir accès aux tactiques, il fallait se référer aux livres ou aux revues spécialisées, ce qui pouvait prendre plusieurs jours", renchérit José Martinez, président du club d’échecs de Lausanne.

Un jeu dominé par les hommes

Le réalisme de la série est salué par la critique et les professionnels du jeu. Mais si Beth Harmon terrasse ses adversaires avec une facilité déconcertante et participe aux plus grands tournois, la réalité reste éloignée de la fiction pour les joueuses d’échecs. Les femmes sont beaucoup moins nombreuses que les hommes à pratiquer la discipline. À titre d’exemple, seulement 14,5% des joueurs licenciés par la Fédération américaine sont des femmes. Dans le classement mondial, une seule joueuse figure à la 88e place, la championne du monde chinoise Hou Yifan.

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L’égalité peine aussi à arriver en Suisse. "C’est un monde très masculin, ce qui a tendance à freiner les femmes. Sur les 6000 joueurs fédérés que compte la Suisse, on dénombre seulement une centaine de joueuses, explique José Martinez. Mais la situation évolue avec la nouvelle génération. C’est réjouissant car on voit de plus en plus de filles qui assistent aux cours, notamment chez les enfants."

Sarah Jelassi

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