Thriller présenté dans un format court inédit où aucun épisode ne dépasse les seize minutes, "Caïd"plonge dans le quotidien de trafiquants de drogue d'une cité de Martigues (Bouches-du-Rhône). Cette série de Netflix réalisée par Nicolas Lopez et Ange Basterga envoie un réalisateur et son caméraman tourner le clip d'un rappeur qui est surtout à la tête d'un réseau de cannabis au coeur d'une "cité sensible", où ils se retrouvent embarqués malgré eux dans une guerre de gangs.
Adaptée dʹun long-métrage des mêmes créateurs sorti en 2017, ce produit dérivé relate sur le mode de l'immersion nerveuse en (fausse) caméra embarquée (le procédé de found foutage utilisé par le fameux film "Le Projet Blair Witch") règlements de compte et trafics de drogue. Soutenu sur le scénario par Nicolas Peufaillit ("Un Prophète" entre autres), "Caïd" reprend les mêmes comédiens que le film et a bénéficié de vingt-quatre jours tournage, contre quatre pour le film récompensé il y a quatre ans du prix du meilleur long-métrage au Festival Polar de Cognac.
Une série proche du docu-fiction
"L'idée était de se démarquer en recourant au found foutage. Il s'agissait d'adapter les codes du film d'horreur aux caïds des cités, ce qui n'avait jamais été fait. On a aussi voulu tester avec Netflix un nouveau format court, qui s'adresse et s'adapte aux nouveaux modes de consommation de la jeunesse. En termes de narration, cela nous a permis davantage de rythme et de dynamisme", expliquent Nicolas Lopez et Ange Basterga à la RTS.
La série, proche du docu-fiction et qui évoque souvent l'esprit de sa cousine italienne "Gomorra", maintient ainsi une tension constante et s'avère très réaliste. Une authenticité obtenue notamment grâce à un recrutement en forme de casting sauvage de comédiens dans les environs de Marseille.
Cette réalisation aussi incisive que fougueuse n'évite hélas pas à cette fiction une série de clichés où s'entremêlent rap, violence, drogue, destin déterminé sans points de vue nuancés. Et de finalement séduire davantage sur la forme que le fond.
Propos recueillis par Anne-Laure Gannac
Texte et adaptation web: Olivier Horner