Série mélangeant science-fiction, western, film noir ou kung-fu, "Cowboy Bebop" diffusé sur Netflix depuis le 19 novembre est l'adaptation d’un grand succès éponyme de la culture japonaise. Série animée de 26 épisodes sortie au Japon en 1998, réalisée par Shin’ichirō Watanabe, elle met en scène un groupe de chasseurs de primes du futur, lancés à travers le système solaire à bord de leur vaisseau spatial, le Bebop, aux trousses de criminels dont la tête est mise à prix.
Cette série adulte, relativement violente, sort du lot grâce à la qualité de son animation et à la richesse de son univers. Elle marque aussi un tournant dans l’histoire de l’animation japonaise, car c’est l’une des premières réalisations à faire un carton au niveau international, notamment aux États-Unis et en Europe.
Sa popularité sur le long terme est également impressionnante, à tel point qu’elle a été déclinée sous forme de long métrage et de jeux vidéo, et qu’elle est donc désormais adaptée par Netflix, cette fois avec de véritables actrices et acteurs.
La musique joue un rôle capital dans l'identité de "Cowboy Bebop"
La musique de "Cowboy Bebop" joue par ailleurs un rôle particulièrement important dans l'identité et l'atmosphère de la série. On doit la bande originale à la compositrice Yoko Kanno, véritable star au Japon.
Yoko Kanno a un parcours foisonnant tout à fait exceptionnel. On la retrouve aux génériques de séries télévisées ("Macross" ou "Escaflowne" ou la franchise "Ghost in the Shell" ), de films (du réalisateur de science-fiction Kore-eda notamment), de jeux vidéo, de publicité, ou comme signataire d'arrangements de groupes pop. Pourtant, son éducation, stricte, ne la prédestinait pas forcément à cela.
Yoko Kanno est née en 1963 dans la métropole de Sendai, à deux heures de train de Tokyo. Elle raconte que son premier contact avec la musique a eu lieu à l’église dans laquelle elle se rendait avec ses parents. Des parents catholiques, plutôt conservateurs, qui ne l’autorisent à écouter que de la musique classique à la maison. Et c’est cette musique qu’apprend Yoko Kanno dès son plus jeune âge, seule, sur le piano familial et sur le petit orgue de son école maternelle.
Le rock et la pop comme une révélation pour Yoko Kanno
Ce n’est que bien plus tard que la jeune compositrice découvre la musique électrique, alors qu’elle travaille sur des transcriptions de partitions et qu’elle rejoint un groupe à l’université. Elle y apprend à décrypter les recettes d’une chanson pop à succès. Sa première incursion dans la pop date de 1998, alors qu’elle démarre une carrière en solo et produit un premier album sous son nom propre. Elle a ensuite été appelée à composer une pièce en trois mouvements pour l’intronisation de l’empereur Naruhito et de l’impératrice Masako en 2019.
Yoko Kanno raconte ainsi que la découverte des rythmes du rock et de la pop a été pour elle une véritable révélation, tant elle se considérait comme limitée à la seule connaissance du classique. Pour elle, le jazz, la soul, le blues, le funk ont fonctionné comme une libération musicale et ont rapidement infusé son approche de la musique pour l’image.
Mélange atypique d'influences japonaises et occidentales
Pour "Cowboy Bebop", elle répondu aux mélanges des genres de la série en structurant sa musique autour de diverses influences. Avec pour résultat un mélange atypique d’influences japonaises et occidentales qui est reconnu aujourd’hui comme un ingrédient capital dans la réussite artistique de la série.
Pour l’anecdote, l’apport de Yoko Kanno à la série originale est à ce point considéré comme un composant essentiel qu’un des acteurs principaux de cette nouvelle adaptation, John Cho, raconte qu’il a voulu s’assurer que l'emblématique compositrice soit bel et bien engagée pour faire la musique avant qu’il n’accepte lui-même de jouer dans "Cowboy Bebop".
Sujet radio: Pascal Knoerr
Adaptation web: olhor