Le premier épisode de "La meilleure version de moi-même" débute avec une Blanche Gardin qui, à la sortie d'un de ses spectacles, est prise d'atroces douleurs abdominales. Un mal qui est récurrent chez elle.
Après plusieurs consultations cocasses chez divers thérapeutes, elle se retrouve chez un naturopathe qui lui fait comprendre que ses maux de ventre sont liés à la moquerie qu’elle s’inflige à elle-même et aux autres dans ses stand-up. Elle décide donc de plaquer la scène et l'humour et de se remettre entièrement en question: elle se lance dans une quête existentielle de bien-être, qui oscille entre régime sans gluten, chamanisme et retraite en sororité féministe.
La nudité du narcissisme contemporain
Connue pour son humour décapant, la Française de 44 ans, déjà auréolée de deux Molière et que l'on a pu aussi voir au cinéma ces dernières années, a toujours aimé rire d'abord d'elle-même, tentant d'exorciser sur scène ses angoisses.
Dans ce faux documentaire qu'elle cosigne avec Noé Debré et Béatrice Fournera, Blanche Gardin prend tous les risques. "Je voulais continuer de me regarder, mais cette fois sans la candeur (feinte) de la confession scénique, mais dans la nudité du narcissisme contemporain", indique-t-elle dans les notes d'intention de la série. "Je voulais mettre mon personnage devant le miroir, en train d’être regardé par ce grand autre que constitue la communauté des réseaux sociaux. En somme, je voulais monter d’un cran dans la cruauté à mon endroit. Non pas par masochisme, mais plutôt au contraire dans le souci de réintroduire de la complexité dans un monde de plus en plus binaire."
Sans filtre ni tabou
Comme à son habitude sans filtre ni tabou, la comédienne flingue à tout-va dans cette série autofictionnelle. Que ça soit le développement personnel, le bien-être, les médecines alternatives, le féminisme, les obsessions narcissiques et égocentriques, les réseaux sociaux, tout y passe.
Réduisant au maximum la frontière entre la réalité et la fiction, elle se permet tout et ne cache rien, quitte à montrer son alter ego – qui finit par disjoncter complètement – comme totalement odieux, lâche et manipulateur.
Une satire de notre époque
Au casting, on retrouve à ses côtés et dans leur propre rôle le chroniqueur Aymeric Lompret, le metteur en scène et réalisateur Jean-Christophe Meurisse ou encore la star du stand-up américain Louis C.K., avec qui elle partage sa vie.
C'est absolument délicieux. Tout est génial!
"La meilleure version de moi-même" fera certes grincer quelques dents et provoquera parfois le dégoût par ses blagues scatologiques, mais voilà une série radicale et hors des sentiers battus. Une satire féroce de notre époque écrite avec beaucoup d'intelligence et parsemée de punchlines à la fois caustiques et hilarantes.
Andréanne Quartier-la-Tente
"La meilleure version de moi-même", série en 9 épisodes de Blanche Gardin à voir sur Canal+.