Rétrospective: les meilleures séries de l'année 2022

LES CHOIX DE PASCAL BERNHEIM

"Severance", Apple TV+

Mark Scout (Adam Scott) dirige une équipe de Lumon Industries dont les employés ont subi une "intervention de rupture", qui répartit chirurgicalement leurs souvenirs entre leur travail et leur vie personnelle. Au premier abord, tout se passe plutôt bien pour les hommes, mais pour Helly, seul élément féminin de l’équipe (Britt Lower), ça ne semble pas d’une évidence limpide. Outre le thème de la perte des libertés, "Severance" s’intéresse au monde de l’entreprise sous l’angle de l’assujettissement total des employés.

Petit à petit, on va appréhender des secrets qui, peut-être, expliqueront l’attitude et le vécu des personnages interprétés par une distribution comme on en voit rarement dans les séries, à commencer par l’excellent Adam Scott. Il faut aussi mentionner Patricia Arquette et John Turturro, ainsi que la participation magnifique de Christopher Walken.

"Slow Horses", Apple TV+

Cette série d'espionnage sombre et rigolote suit une équipe d'agents de renseignement britanniques qui servent dans un département "poubelle" du MI5 en raison de leurs ratés et autres erreurs de carrière. Dirigés par un chef brillant, mais irascible, le tristement célèbre Jackson Lamb (Gary Oldman), ils naviguent dans la fumée et les miroirs du monde de l'espionnage pour défendre l'Angleterre contre de sinistres forces.

Will Smith, scénariste britannique, nous propose des thèmes aussi variés que le politiquement correct dans l’humour, un portrait du "mâle britannique" qui a perdu ses idéaux, son job et sa virilité et qui se réfugie dans la violence et le nazillonisme, ainsi que la guerre des services à des fins politiques assez peu reluisantes. Un regard touchant sur les has been, souvent cassés par la vie, pathétiques, mais sympathiques…

>> A lire : Gary Oldman en chef des toquards du MI5 dans la série "Slow Horses"

"Kleo", Netflix

À la fois série historique, d’espionnage et politique, fortement teintée de thriller, avec un penchant marqué pour le cynisme et la comédie, "Kleo" débute à Berlin-Ouest en 1987. Après avoir éliminé un homme d'affaires pour le compte de la Stasi, Kleo (Jella Haase), espionne d'élite est-allemande, est arrêtée. Elle passe deux ans en prison avant d'être libérée au moment de la chute du mur de Berlin. Kleo se lance alors dans une enquête qui mêle volonté de comprendre et vengeance.

La vision caricaturale que propose le scénario de "Kleo" des jeunes de Berlin-Ouest qui viennent s’installer à l’Est parce que la ville devient le champ de tous les possibles, de toutes les utopies, est un véritable régal. Mais il y a aussi le côté thriller de la série: comme Kleo, on veut savoir pourquoi, comment et tout ce qui s’en suit! Et chaque étape de sa vengeance propose des scènes d’anthologie.

A lire: La série allemande "Kleo" fait la part belle à l'espionnage

"Damoiselle", TV5MondePlus

Incarnée par l’actrice, autrice et réalisatrice Ambre Larrazet, qui change autant d’époque que de look, la série "Damoiselle" raconte divers moments de l’histoire et de la condition des femmes en utilisant le mode d’expression très contemporain et codifié du tuto "beauté".

Les autrices Queenie Tassell, Ambre Larrazet et l’auteur Ambroise Carminati ont choisi d’aborder des sujets absolument authentiques à des moments charnières de notre passé, avec parfois quelques écarts à la réalité historique pour laisser la place à la comédie. Mais chaque épisode est suivi d’une séquence avec Julien Magalhaes, spécialiste en histoire de la beauté et de la mode, qui apporte l’éclairage historique relatif au sujet traité dans le tuto.

>> A lire : "Damoiselle", la websérie qui revisite l’histoire au féminin

"Belascoarán, détective privé", Netflix

Extrêmement fidèle aux romans de l’Hispano-mexicain Paco Ignacio Taibo II, auteur majeur du noir et du polar, la première saison de "Belascoarán, détective privé" compte trois épisodes.

L’ambiance, l’époque et l’absurdité politique sont au rendez-vous avec autant d’humour que de gravité. Et il y a bien sûr les personnages: Belascoarán (Luis Gerardo Méndez), qui apporte tout ce qu’il faut de classe et de filouterie; sa sœur, Elisa Belascoarán Shayne (Irene Azuela) qui montre autant de pugnacité que de sourire; l’amoureuse, Irene (Paulina Gaitán), pilote de course, dont la sensualité sert sa détermination féministe et le plombier, Silverio (Gilberto Gomez Letras), un truculent râleur.

LES CHOIX DE YACINE NEMRA

"Severance", Apple TV+

Une série qui a un univers de dingue, une espèce de film d’horreur en open space, dans de grands couloirs blancs un peu trop propres, avec une hiérarchie qui se comporte plus comme la direction d’une secte que d’une société anonyme.

Mais c'est surtout un bon thriller avec un visuel lynchien, des idées formelles et de fond très originales, un rythme assidu et des twists permanents. Une série à ne louper sous aucun prétexte.

A lire: "Severance", série d'anticipation angoissante sur le monde du travail

"The Bear", Fx/Disney+

C’est l’histoire de Carmine (Jeremy Allen White), chef gastro étoilé qui reprend le fast food de son frère suicidé à Chicago et qui va vivre "un cauchemar en cuisine".

Avec un rythme soutenu, des gens qui gueulent plus que dans un cours de Kendo et son quota de tensions familiales et professionnelles complexes, cette série signée Christopher Storer est succulente, drôle et très touchante.

>> A lire : "The Bear", comédie dramatique aux relents d'herbes aromatiques

"Andor", Disney +

"Andor" se situe dans l'univers de "Star Wars". Cinq ans avant les événements du film "Rogue One", dont c'est un spin-off, le jeune ouvrier Cassian Andor prend part, comme espion, aux prémices de la résistance contre l'Empire galactique, participant à ce qui deviendra l'Alliance rebelle.

Une série de Tony Gilroy qui dépeint la vie dans un régime fasciste et qui s’éloigne largement du manichéisme de la saga mère ou de Marvel. Un "Star Wars" pour adultes, plus proche de "THX 1138" que du "Retour du Jedi", dans lequel il y a beaucoup de subtilité, de profondeur et un vrai propos social, voire étrangement radical, pour une production Disney.

"White Lotus", saison 2, HBO

L’histoire d’un grand-père, d’un père, et d’un fils, de deux couples d’amis, d’une femme codépendante et son assistante et de deux escorts dans un hôtel de luxe en Sicile.

Sorte de "Sans filtre", Palme d'Or de Ruben Östlund, en plus subtil et plus drôle, "White Lotus" est une superbe série de Mike White sur le vide de sens et la solitude chez des gens très riches. Et pas besoin d’avoir vu la première saison pour regarder la deuxième.

^{Disponible en intégralité sur PlayRTS jusqu'au 1er janvier 2023.}

"Atlanta", saisons 3 et 4 , FX/Disney+

C’est l’histoire de Earn (Donald Glover qui réalise également la série), jeune producteur de rap, de son cousin rappeur "Paper Boi" (Brian Tyree Henry), qui devient une star mondiale, et de leurs potes Darius (Lakeith Stanfield) et Vanessa (Zazie Beetz).

Mais au fond, le rap n’est pas le vrai sujet. "Atlanta" est une série sur le fait d’être noir dans un monde de blancs. Un show qui démarre comme une comédie dramatique sociale dans le monde du hip-hop et qui s’aventure dans l’univers de l’absurde, du fantastique, de l’onirique et de l’étrange. Un coup de cœur absolu, porté par la réalisation inspirée de Hiro Murai et un casting cinq étoiles. Deux saisons (3 et 4) en 2022 qui sont au sommet de l’univers sériel actuel.

LES CHOIX DE CRYSTEL DI MARZO

"Better Call Saul", Netflix

Dérivée de "Breaking Bad", "Better Call Saul" raconte l'histoire de l'avocat véreux Jimmy McGill, alias Saul Goodman (Bob Odenkirk), avant sa rencontre avec les trafiquants de méthamphétamine Walter White et Jesse Pinkman.

Une sixième saison qui clôt magistralement cette série géniale, signée Vince Gilligan et Peter Gould, qui domine toutes les autres, notamment par sa mise en scène, ses personnages forts et son sens unique de la narration.

"The White Lotus", saison 2, HBO

"The White Lotus" met en exergue les facettes hideuses de l'être humain, alors qu'elle se déroule dans le contexte idyllique de Taormina, en Sicile. Une série à la fois lourde et légère, dramatique et comique.

"Bad Sisters", Apple TV+

Une comédie noire irlandaise de Sharon Horgan qui raconte en dix épisodes, l'histoire de quatre soeurs soupçonnées d'avoir assassiné leur beau-frère, John Paul, mari de leur cinquième soeur.

Une série extrêmement divertissante, intelligente, pleine de rebondissements et aux dialogues jouissifs. Et bonne nouvelle: Apple TV+ vient de la renouveler pour une deuxième saison.

>> A lire : "Bad Sisters", parfait cocktail d'humour noir et d'enquête criminelle

"Atlanta", FX/Disney+

La série de Donald Glover, alias Childish Gambino, s'est achevée le mois passé à l'issue de quatre saisons incroyables.

Alors qu'elle traite de sujets plutôt graves comme le racisme ou la lutte des classes, "Atlanta" réussit à divertir et à amuser avec une palette de personnages hyper attachants et réalistes, mais aussi grâce à son écriture et à sa réalisation ultra affûtées.

"Severance", Apple TV+

Un drame dystopique dans lequel les employés d'une grosse boîte se font insérer une puce dans le cerveau, afin de dissocier leur vie professionnelle et leur vie privée.

Une série au rythme lent, mais qui monte en puissance au fil des épisodes. Et qui intrigue au plus haut point. Une deuxième saison est en préparation!

aq/sc