L’histoire commence en 1947. Margaret Wigham (Claire Foy), une riche héritière écossaise âgée de 20 ans et venant de divorcer, rencontre Ian Campbell, le Duc d’Argyll (Paul Bettany). Il est alors marié avec Louise, sa seconde épouse. Il se marie pourtant avec Margaret Wigham, qui devient Margaret Campbell en 1951. Leur mariage s’avère chaotique, mené par les aventures extraconjugales, la manipulation, la violence et l’argent.
Dans les années 1960, leur histoire prend un tournant décisif alors que le couple divorce. Les médias s’en donnent à cœur joie tandis que les ex-mariés tentent de se détruire mutuellement. La vie débridée de chacun est dévoilée à la population du Royaume-Uni aux mœurs conservatrices et traditionnelles. Ainsi, Margaret est accusée par son ex-conjoint d’avoir eu des relations sexuelles avec 88 hommes, tandis qu'elle l'accuse de l'avoir trompée.
Après le succès de la mini-série de Stephan Frears "A Very English Scandal" en 2018, déjà basée sur un fait divers qui avait défrayé la chronique, la BBC et la société de production Blueprint Pictures dévoilent cette fois-ci les coulisses de ce divorce ultra médiatisé, sur fond de scandales sexuels. Le tout montré du point de vue de Margaret Campbell.
L’histoire de deux individus détestables
Lors du débat séries de "Vertigo", Emilie Jendly, blogueuse et chroniqueuse pour le quotidien Le Temps et la RTS, estime que "A Very British Scandal", qui montre deux individus avides de pouvoir, aurait mérité quelques épisodes supplémentaires. "Les trois épisodes ne permettent pas d’approfondir toutes les thématiques abordées. Par exemple, l’ascension sociale de cette jeune femme mondaine, ambitieuse et détestable, qui rencontre un aristocrate tout aussi ambitieux et détestable", explique-t-elle à la RTS.
Noémie Desarzens, journaliste pour La Télé et le magazine lausannois spécialisé en cinéma Ciné-Feuilles, abonde en ajoutant que l’absence de contexte sur les motivations et l’ambition de Margaret dessert l’histoire, qui devient alors "une énième relation de genre et de pouvoir. La série souhaitait faire découvrir la femme derrière la Duchesse d’Argyll, mais elle n’y parvient pas. On ne sait pas ses motivations: pourquoi a-t-elle absolument envie d’obtenir ce titre d’aristocrate?"
Un sexisme omniprésent
La deuxième partie de la série aborde le thème de la condition féminine tandis que les médias et la justice, appuyés par des documents fournis par le Duc d’Argyll, chargent Margaret Campbell en affichant sa vie sexuelle. "Cette partie de la série m’a intéressée parce que c’est la première fois qu'une femme était aussi humiliée par les médias britanniques", déclare Emilie Jendly, qui précise qu’il revient à chacun et chacune de juger ensuite si cette humiliation était justifiée ou non. "Il s’agissait de Donjuanisme au féminin. Dans les années 1960, un fossé séparait la condition masculine de la condition féminine. Pour les hommes, l’adultère, la violence et l’alcool faisaient partie du contrat de mariage. En revanche, si Madame trompait son mari, c’était inacceptable", poursuit Emilie Jendly.
Pour Noémie Desarzens, si Margaret Campbell subit l’attaque des médias, elle n’en reste pas moins un personnage antipathique. "On regarde beaucoup cette série d’un œil féministe aujourd'hui, mais je pense que cela reviendrait à la réduire à quelque chose qu'elle n’est pas. Margaret Campbell est une anti-héroïne détestable et arriviste. Elle ne s’en cache pas. Même si elle n’est pas violente physiquement, elle est violente psychologiquement envers son mari. Les relations de manipulation et de pouvoir réciproques sont très intéressantes."
Myriam Semaani
"A Very British Scandal", 3 épisodes. A regarder en intégralité sur Play RTS jusqu'au 28 janvier 2023.