Dans les années 1960, la Télévision Suisse Romande (TSR) n’était pas en reste pour offrir à son public des émissions de science-fiction, un genre qui avait le vent en poupe. Et dans le lot, il y avait "Sial IV", une mini-série produite par Telvetia, une structure créée en 1966 par René Schenker, alors directeur de la TSR, afin de permettre la production et la diffusion de fictions entre les télévisions francophones.
Véritable petite pépite, les quatre épisodes de la série ont été réalisés par le cinéaste et grand défenseur du surréalisme Ado Kyrou, également journaliste et auteur de livres de référence sur le septième art.
Le bonheur à tout prix
L'histoire démarre en 1970 lorsqu'un conflit nucléaire mondial anéantit une partie de l'humanité. Contrôlant un abri antiatomique au moment de la catastrophe, l'ingénieur Denis Lange (Henri Gilabert) demeure en hibernation pendant plus d'un siècle avant de se réveiller dans un monde nouveau: Sial IV. Une cité souterraine gérée par des robots et dirigée par un grand maître dénommé Machiavel.
Cette société nouvelle veut permettre aux humains d'accéder au bonheur grâce au transfert des responsabilités sur les androïdes. Seuls le farniente et la pratique des arts sont autorisées. Quiconque rejette le bonheur est considéré comme un malade à réadapter. Denis Lange va alors croiser la route de révolutionnaires décidés à renverser ce pouvoir.
Un patrimoine sauvé
La série est diffusée sur la TSR en 1969 et en 1971, puis en France en 1973. Avant de tomber dans l'oubli. Peut-être est-ce dû au scandale qu'elle a provoqué dans la Tour à Genève? En effet, le célèbre romancier Claude Delerue, auteur du script de la série, s'était fortement inspiré, sans le dire, du roman "Deadly Image" d'Edmund Cooper pour écrire cette histoire. Si le générique de 1969 ne mentionnait rien à ce sujet, lorsque la série est rediffusée en 1971, il est clairement fait mention qu'il s'agit là d'une adaptation. On en saura pas plus.
"Sial IV" a été exhumé des archives de la RTS il y a quelques années par Didier Bufflier, responsable du Laboratoire Numérisation Restauration Archives Lab. Lorsqu’il tombe sur ses bobines, elles ne sont pas en très bon état. Comme pour d'autres archives de cette période, la pellicule se détruit lentement sous l’effet d’un processus chimique, appelé le syndrome du vinaigre, qui altère l'acétate de cellulose qui recouvre la bande.
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Débute alors une course contre-la-montre pour restaurer les quatre épisodes de "Sial IV". "On a eu pas mal de soucis pour réussir à en tirer la meilleure qualité possible", raconte Didier Bufflier, interviewé dans l'émission 'Vertigo'. Mais maintenant, la série fait partie du patrimoine que la RTS a sauvé". Numérisée après la restauration, la série "Sial IV" a été dévoilée au public il y a quelques semaines lors du Festival du film fantastique de Neuchâtel (NIFFF). Elle peut désormais être regardée en tout temps et gratuitement sur Play RTS.
Sujet radio: Philippe Congiusti
Adaptation web: aq
"Sial IV", mini-série de 4 épisodes de 52 minutes, à voir sur Play RTS.