Robbie Williams exorcise ses démons dans une série impudique et fascinante

Lors d'un concert, Robbie Williams est sur le point d'entrer sur scène. Quelqu'un s'approche pour lui demander s'il est prêt. La pop-star répond: "Non. J’aurais aimé faire un autre métier." Voilà qui pourrait parfaitement résumer la trajectoire du chanteur britannique.

Pour le "petit couillon de Stock-on-Trent", comme il se surnomme, tout est allé vite et même trop vite. Né en 1974 dans cette petite ville située au nord de Londres, il n'a que 16 ans lorsqu'il rejoint le groupe Take That. Nous sommes en pleine heure de gloire des boys bands et le groupe déchaîne les passions. En 1995, il quitte l'aventure pour entamer une carrière solo, faite de hauts et de bas, et devient l'une des plus grandes pop-stars de la planète.

Thérapie en slip

Aujourd'hui, Robbie Williams est à l'orée de la cinquantaine. Avec une carrière qui dure depuis plus de trente ans, celui qui se proclame par ailleurs "père de quatre enfants et mari comblé" pourrait-il être heureux? Eh bien, pas vraiment. C'est du moins ce que veut démontrer la mini-série documentaire "Robbie Williams" réalisée par Joe Pearlman et produite par Asif Kapadia à découvrir depuis le 8 novembre sur Netflix.

Après le footballeur David Beckham il y a quelques semaines, c'est au tour de cette autre star britannique des années 1990-2000 de se prêter à la thérapie à domicile pour la plateforme de streaming. On ose même utiliser le terme de "psychanalyse" lorsqu'on entend Robbie Williams annoncer au tout début du premier épisode faire ce documentaire afin d"exorciser ses démons" ou lorsqu'il décide quelques instants plus tard de commenter sa carrière depuis son lit, vêtu uniquement d'un slip et d'un marcel. Et quand il n'est pas dans son lit, c'est bien évidemment sur un canapé qu'on le retrouve.

Trop vite jeté dans un monde d'adultes

Robbie Williams visionne, parfois pour la première fois, des images d'archives tournées dans les coulisses, dans les studios ou lors de vacances. Le chanteur commente et raconte absolument tout, à commencer par ses débuts avec Take That. Il évoque certes les côtés agréables de sa notoriété naissante, mais s'attarde rapidement sur la pression intenable pour lui qui est à la fois le plus jeune des cinq membres du groupe, mais surtout le moins gérable. "C'était un vrai plongeon dans le monde des adultes et je n'étais pas prêt", analyse-t-il aujourd'hui.

C'était un vrai plongeon dans le monde des adultes et je n'étais pas prêt.

Au moment de quitter le groupe en 1995, il mène une vie totalement dissolue. Il boit trop d'alcool, est accro à la cocaïne et à diverses autres substances, vit la nuit. Mais surtout, il est incapable d'enregistrer des chansons. Sa première cure de désintoxication semble le remettre sur pied et lui permet de sortir en 1997 "Life Thru a Lens", son premier album solo qui reçoit un accueil mitigé.

Soigner ses angoisses

C'est la sortie d'"Angels" en 1997 qui le propulse au sommet. Il devient une star planétaire. Cette célébrité, il l'a voulue, mais elle ne lui convient guère. Malgré les albums de platine et les tournées à guichets fermés, le chanteur est la plupart du temps malheureux, anxieux et déprimé. Il vit ses concerts comme de véritables épreuves et n'y prend aucun plaisir. Le paroxysme est atteint un soir de 2006, durant un concert à Leeds en Angleterre lorsqu'il fait une énorme crise de panique devant 90'000 personnes. Il termine sa série de concerts, mais il lui faudra sept ans avant de repartir en tournée.

Au fil de ces quatre épisodes, le chanteur déterre, parfois avec difficultés, ses vieux démons. Et si à la fin, il déclare que cela lui a fait du bien et qu'il se sent plus léger, à le voir, on reste un peu sceptique quant à la réussite de cette psychanalyse express, tant la tristesse, l'amertume et le mal-être semblent ancrés en lui.

Alors faut-il regarder cette série? A l'image du chanteur en slip sur son lit, elle est totalement impudique, pas très drôle et beaucoup trop mélodramatique, mais cela reste fascinant, tant la trajectoire du Britannique est hors-norme.

Sujet radio: Crystel di Marzo

Adaptation web: Andréanne Quartier-la-Tente

"Robbie Williams", mini-série de 4 épisodes, à voir sur Netflix depuis le 8 novembre 2023.