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"Disclaimer", un mélodrame tragique avec Cate Blanchett au cœur de la tourmente

Cate Blanchett dans la série "Disclaimer". [Apple TV+ - Apple TV+]
Cate Blanchett dans la série "Disclaimer". - [Apple TV+ - Apple TV+]
Plus qu'un thriller psychologique, Alfonso Cuarón, à qui l'on doit notamment "Gravity" et "Roma", signe un mélodrame tragique dans lequel la vie bien rangée d'une femme explose lorsqu'un terrible secret de son passé est déterré. "Disclaimer" est à voir depuis le 11 octobre sur Apple TV+.

Dans l’univers des séries, deux écoles s'affrontent: celles qui en mettent plein la vue dès le premier épisode puis s'enlisent dans l'ennui jusqu'au dénouement explosif, et celles qui s'installent poussivement, montent en puissance jusqu'au final tout aussi foudroyant. "Disclaimer" appartient à cette deuxième catégorie. Et cela vaut la peine de s'accrocher malgré la tentation de lâcher l'affaire après l'entame, qui présente deux destins en parallèle.

Neuf ans après le décès de son épouse, un vieux veuf (Kevin Kline) débarrasse les affaires de sa défunte. Dans le tiroir d'un bureau, il découvre des clichés sexy d'une jeune femme en petite tenue dans des positions suggestives, ainsi qu'un manuscrit. Le récit écrit par son épouse relate le coup de foudre amoureux de leur fils Jonathan lors de vacances en Italie plusieurs années auparavant. L'autrice accuse la séductrice des photos d'avoir tué leur garçon.

Deux temporalités

Récompensée pour son travail de journaliste traquant les secrets inavouables de personnalités, Catherine (Cate Blanchett) va connaître le même sort que ses célébrités. Lorsqu'elle reçoit le livre et les photos, Catherine vacille. Elle se souvient de ces vacances avec Nicholas, son petit garçon. Délaissée par un mari accaparé par son travail (Sacha Baron Cohen), Catherine avait entamé un dangereux jeu de séduction avec Jonathan. Dépassée, elle avait dû l'éconduire.

Dans "Disclaimer", deux temporalités se confondent habilement: le passé de Catherine, qui revient en flashbacks alors qu'une narratrice lit l'histoire du roman, et le présent de cette femme dont le monde s'écroule. Elle doit affronter le jugement de ses collègues, convaincre son mari trompé qui l'apprend sur le tard de ne pas se laisser submerger par la jalousie, et éviter que leur fils ne sombre dans la drogue. Pendant ce temps, le dénonciateur poursuit avec un malin plaisir son entreprise de pilonnage de la vie tranquille de Catherine.

Une affaire de point de vue

Alfonso Cuarón tire le meilleur de sa troupe. Cate Blanchett, la victime tantôt agaçante, tantôt émouvante, Kevin Kline l'antipathique méchant aveuglé par son chagrin, Sacha Baron Cohen utilisé à contre-emploi en mari choqué, Leila George d'Onofrio et Louis Partridge dans les flashbacks, sont tous excellents. Le cinéaste signe surtout une brillante démonstration que tout est affaire de point de vue. Il faut toujours interroger sur ce que les images donnent à voir.

Car les sourires affichés sur une photo n'en sont peut-être pas. Derrière un tirage se cache souvent une autre histoire, invisible, seulement connue des protagonistes. Pour découvrir celle de Catherine, il faudra patienter jusqu'au final époustouflant.

Philippe Congiusti/ld

"Disclaimer" d'Alfonso Cuarón, avec Cate Blanchett, Kevin Kline et Sacha Baron Cohen. A voir sur Apple TV+ depuis le 11 octobre 2024.

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