L’action de "Dune: Prophecy" se situe dix mille ans avant celle qu'on a pu découvrir au cinéma récemment dans les films à succès de Denis Villeneuve, basés sur les célèbres romans de science-fiction de Frank Herbert. Si le début de la série patine dans un ventre mou où même un ver des sables s’enliserait, nul n’a besoin de posséder pour autant un master en "Dune" pour y trouver de l’intérêt. Certes, les novices largués lâcheront sans doute l’affaire rapidement, la faute à des tenants et aboutissants incompréhensibles jusqu’au quatrième épisode où tout s’éclaire enfin, tandis que l’action s’emballe.
Presqu’un siècle après le jihad butlérien qui a vu les humains remporter la guerre contre les machines pensantes à travers la galaxie, la maison Harkonnen, exclue de l’Imperium pour trahison, végète en exil sur la planète gelée Lankiveil en commerçant la peau de baleine. Valya (Emily Watson), qui ne supporte plus cette situation dégradante, entend mener sa vengeance pour que sa maison retrouve son statut. Elle et sa sœur Tula (Olivia Williams) rejoignent l’Ordre, un couvent de femmes, pour y apprendre l’art de la divination.
Un somptueux mélange de space opera teinté de fantasy
Au fil des ans, elles prennent le contrôle de cette école des Diseuses de Vérité et forment une armée silencieuse de sœurs qui soufflent à l’oreille des puissants de l’Imperium la marche à suivre. Le plan sans ambiguïté consiste à manipuler ces décideurs pour évincer l’empereur Corrino (Mark Strong), tout en favorisant la future naissance de Paul Atréides, un être supérieur doté de capacités de divination inégalées, atout indispensable pour régner sur la galaxie et le commerce de l’épice. Un grain de sable va tout remettre en cause: Desmond Hart (Travis Fimmel).
Ce soldat d’Arrakis, survivant miraculeux, revient sur la planète Salusa Secundus pour ramener la quiétude au sein de l’Imperium secoué par des rebelles. Doté de pouvoirs surnaturels déments, il s’attire les bonnes grâces et la confiance de l’empereur après quelques faits d’armes spectaculaires. Intrigues d’alcôve, rivalités, manigances montent en puissance alors que l’influence de Valya et sa sororité vacillent en raison de cet homme énigmatique.
"Dune: Prophecy", qui appartient à la même écurie HBO que "Game of Thrones", s’inscrit dans cette lignée en tirant sur les mêmes ficelles, les dragons en moins, les vers de sable en plus. Ce somptueux mélange de space opera teinté de fantasy, épicé à point, avec ses décors majestueux, ses costumes austères, son atmosphère pesante, sa tonalité sombre font de ce préquel de "Dune" un intermède idéal pour patienter jusqu’à la sortie au cinéma, fin 2026, du troisième opus de la saga réalisée par Denis Villeneuve.
Philippe Congiusti/sf
"Dune: Prophecy", de Anna Foerster, avec Emily Watson, Mark Strong et Travis Fimmel. Saison 1, 6 épisodes. Disponible sur MyCanal depuis le 18 novembre 2024.