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"L'agent infiltré", une excellente série noire allemande sous haute tension

L'informateur Raza (Ivar Wafaei, à droite) et le gangster Dadir (Benny O. Arthur, à gauche) dans la série "L'agent infiltré". [Arte - Friede Clausz]
L'informateur Raza (Ivar Wafaei, à droite) et le gangster Dadir (Benny O. Arthur, à gauche) dans la série "L'agent infiltré". - [Arte - Friede Clausz]
Dans "L'agent infiltré" de Matthias Glasner, à voir sur Arte.tv depuis le 10 octobre, un terroriste est tué en Italie après être passé par Hambourg qui est en état d’alerte. Pour contrer un éventuel attentat, un jeune Afghan sans histoire est recruté pour infiltrer une organisation terroriste.

Tout commence dans le chaos alors qu’un attentat a éclaté à Hambourg, à la Philharmonie de l’Elbe, en plein concert. Le récit est interrompu par une commission d’enquête qui auditionne les différents services de police afin d'éclairer les nombreux manquements. A chaque question soulevée, une réponse appelle un flashback. Et voilà comment en six épisodes particulièrement tendus, le spectateur remonte le fil en suivant un montage explosé qui alterne trois temporalités: la traque, la soirée de la tragédie et l’après, avec l’enquête.

La traque d’un leader terroriste

Le dénommé El Adoua, identifié comme le leader d’un groupe terroriste islamiste impliqué dans un attentat à Oslo, est passé par Hambourg neuf jours avant d’être abattu en Italie. De quoi crisper les autorités allemandes. Les polices judiciaires et fédérales sont sommées de collaborer pour endiguer toute tentative d’attaque imminente sans savoir ni où, ni quand, ni si elle aura lieu. Infiltrer le bon réseau devient la priorité.

Gabriel (Jürgen Vogel), agent sous couverture de la police judiciaire abîmé par une mission périlleuse au sein d’un groupuscule d’ultra-droite, est mis sur le coup. Dangereux métier que celui-ci où, à force de jouer à être un autre, le risque est grand d’oublier sa véritable personnalité. Tout en continuant à duper ces fascistes pour ne pas mettre en péril sa vie et celle de ses proches, Gabriel doit aussi courir après la menace fantôme, épaulée par Holly (Elisa Schlott), sa collègue de la police fédérale avec qui le courant peine à circuler.

Un jeune Afghan pris dans un engrenage dangereux

Pendant ce temps, Raza (Ivar Wafei), un jeune Afghan à peu près intégré, envisage un avenir radieux avec sa copine arrivée clandestinement de Kaboul. Mais après une soirée mouvementée, Raza finit au poste. Gabriel lui met la pression et l’oblige à accepter un marché. Son ardoise sera effacée s’il infiltre un groupuscule afghan sous surveillance. D’abord grisé, le jeune homme soumis au stress devient ingérable. Son changement d’attitude désarçonne son entourage, mais Raza joue gros. Il ne peut plus reculer.

L'agent de la police judiciaire Gabriel Bach (Jürgen Vogel) en état d'alerte maximum dans la série "L'agent infiltré". [Arte - © Friede Clausz]
L'agent de la police judiciaire Gabriel Bach (Jürgen Vogel) en état d'alerte maximum dans la série "L'agent infiltré". [Arte - © Friede Clausz]

Une plongée dans les enjeux contemporains

Racontée à hauteur de flics imparfaits qui ne sauveront pas forcément le monde, "L’agent infiltré" n’hésite pas à déborder sur des thématiques qui dépassent le cadre du polar. Secrets d’État et autre guerre des polices inévitable dans un pays fédéral passent souvent au second plan. La haine dont sont victimes les étrangers, leur manque d’argent, de perspectives, la difficulté à s’intégrer convenablement qui incite aux petits trafics ou pire, à une radicalisation explosive, deviennent les sujets centraux.

En privilégiant l’intime à l’action trépidante, "L’agent infiltré" se révèle une excellente série noire sous haute tension portée par une superbe musique lancinante qui renforce l’atmosphère poisseuse.

Philippe Congiusti/sf

"L'agent infiltré" de Matthias Glasner, avec Jürgen Vogel, Elisa Schlott et Ivar Wafaei. Six épisodes disponibles sur Arte.tv depuis le 10 octobre 2024.

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