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"La Máquina", l’enfer d’un boxeur mexicain de légende sur le déclin

Gael García Bernal, dans une scène de la série "La Máquina." [KEYSTONE/ AP Hulu - Nicole Franco]
Gael García Bernal, dans une scène de la série "La Máquina." - [KEYSTONE/ AP Hulu - Nicole Franco]
Même si le KO espéré n’est pas au rendez-vous, cette série en six rounds de Marco Ramirez avec Gael García Bernal et Diego Luna offre une plongée exaltante dans les coulisses peu flatteuses de la boxe au Mexique. Comédie dramatique, "La Máquina" est à découvrir sur Disney+ depuis le 9 octobre.

Objet de curiosité, "La Máquina", sur le papier, excite de par les retrouvailles de Gael García Bernal et Diego Luna, le fabuleux duo du mythique "Y Tu Mama Tambien" réalisé en 2001 par Alfonso Cuarón. L’alchimie des deux acteurs, qui se connaissent depuis l’enfance et doivent justement interpréter deux amis de toujours, carbure à plein régime dans ce drame intimiste noir où un cogneur usé et son manager flambeur livrent leur dernier combat.

Une plongée dans les coulisses sombres de la boxe mexicaine

Au crépuscule d’une longue carrière, le cerveau d’Esteban Osuna dit "La Máquina" (Gael García Bernal) montre des signes alarmants de fatigue avec son cortège d’hallucinations auditives et visuelles. Toutes ces années à encaisser des coups reviennent à s’être tapé la tête contre un mur de béton tous les jours depuis qu’il est monté la première fois sur un ring, multipliant les traumatismes crâniens à répétition. Mais "La Máquina" préfère dissimuler à son entourage ce quotidien chahuté par une réalité qui se distord étrangement.

Andy, le manager roublard

Dépendant à la boxe, à l’alcool, aux médocs, ce père de deux fils dont il ne s’est jamais occupé, divorcé d’une femme qui pourtant l’aime encore, entrevoit une retraite paisible dans les bras d’une danseuse. Mais pour cela, il doit se bagarrer une ultime fois sur le ring et répondre aux attentes d’une dangereuse organisation criminelle pour rester en vie. Esteban ne le sait pas encore, mais son manager roublard Andy, son meilleur ami, qui gère sa poule aux œufs d’or sans oublier de se rincer généreusement au passage, lui ment depuis toujours.

Andy, obnubilé par son apparence, usant d’artifices à base de fond de teint, botox ou postiches pour paraître jeune, vit dans une luxueuse villa avec son épouse et sa mère, une relation fusionnelle tordue. Diego Luna parvient à rendre drôle ce pathétique clown en proie à de violentes crises de paranoïa. Il offre ainsi un peu de légèreté dans ce monde de brutes, de quoi déjouer les attentes.

Avec le Mexique comme cadre et l’univers dangereux des matchs de boxe truqués, "La Máquina" pouvait tendre vers le thriller violemment sanglant. Au lieu de cela, la comédie dramatique prend le dessus avec le portrait d’un schizophrène qui déraille, mais comprend que sa vie est un leurre.

 Une série équilibrée entre action, sentiments et humour

Certains épisodes offrent des passages aussi troublants qu’envoûtants lorsque le cerveau farceur du boxeur l’abuse sans prévenir, de quoi tournebouler aussi les spectateurs. La manœuvre subtile autorise également quelques flashbacks bien sentis avec des fantômes du passé qui éclairent son enfance.

En résumé, "La Máquina", c’est un peu de castagne mais pas trop, un peu de sentiments mais pas trop, un peu de magouilles mais pas trop, un peu de scènes clinquantes mais pas trop, un peu d’humour mais pas trop, pour une série un peu lisse mais pas trop, qui aurait pu davantage piquer les yeux mais pas trop.

Philippe Congiusti/sf

"La Máquina" de Marco Ramirez, avec Gael García Bernal et Diego Luna. A voir sur Disney+ depuis le 9 octobre 2024.

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