"Raël" sur Netflix, la série documentaire qui dit la vérité

"Raël: Le prophète des extraterrestres", série Netflix. [Netflix]
"Raël: Le prophète des extraterrestres", série Netflix. - [Netflix]
De Claude Vorilhon à Raël, les quatre épisodes passionnants de la série documentaire "Raël: le prophète des extraterrestres" retracent le parcours d’un homme fascinant, simple quidam sorti de nulle part qui deviendra le gourou mondialement connu de la secte des raëliens.

"Chacun fait son choix". Cette parole de Raël explique à elle seule comment cet homme ordinaire a embarqué si facilement autant de fidèles. Elle invite à la tolérance et rend celui qui la prononce éminemment sympathique. Raël n’oblige en effet personne à le suivre ni ne juge vertement celles et ceux qui rejettent son message. Loin de toute agressivité, en tout cas publiquement, il laisse à tout un chacun la possibilité d’exercer son libre arbitre, de le croire ou pas, de le suivre ou pas.

L’histoire débute en France, comme la série Netflix à voir actuellement qui retrace son parcours chronologiquement. Enfant invisible né en 1946, Claude Vorilhon rêve d’une vie facile dans la lumière. Devenu adulte égocentrique, il s’accroche à un mensonge pour y parvenir. Le 13 décembre 1973 près de Clermont-Ferrand, il aurait rencontré les Elohim, soit les extraterrestres créateurs de l’humanité. Ceux-ci l'auraient baptisé "Raël" (signifiant "Le messager") et lui auraient transmis un message expliquant l'origine de la vie sur Terre. C'est en substance le récit qu'il publie dans "Le livre qui dit la vérité" en 1974. Intrigués, les médias lui accordent du crédit. Le livre se vend et l'aventure démarre.

L'argent, moteur de la croisade de Raël

La série montre très bien comment Raël façonne son personnage de messie et peaufine son discours au fil du temps. A chacune de ses apparitions à la télévision, les audiences battent tous les records tant le public rigole. Il est moqué et présenté comme un bouffon. Dans une émission de Philippe Bouvard, lorsqu'il affirme avoir assisté à un dîner avec les prophètes, l’animateur ose ce bon mot: "Et quand vous les avez tous vus, vous leur avez dit quoi? Tiens voilà du Bouddha!". Pas dupe, l'homme se prête au jeu, car il sait le bénéfice de ces apparitions.

En même temps que sa notoriété augmente, le nombre de ses adeptes et son compte en banque grossissent. Tout est là! L’argent est le moteur de sa croisade personnelle. Chaque fidèle verse dix pour cent de ses revenus, officiellement pour la construction de l’ambassade des Elohim sur Terre, officieusement pour garantir à leur messager un train de vie de luxe. En sonnant la fin de la récréation, les autorités françaises, qui déclarent son mouvement sectaire, obligent Raël à s’exiler au Québec, moins regardant sur ses activités.

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Caution scientifique douteuse

Si les humains, comme le prétend Raël, sont les clones des Elohim, le documentaire présente ce roi des clones comme un clown porté sur l’argent facile et la fornication, doublé d’un Pinocchio qui multiplie les bobards. Et d’avouer avec un sourire goguenard face caméra s’être bien marré avec Brigitte Boisselier lorsqu’ils ont lancé Clonaid, un canular mondial.

Caution scientifique du mouvement, Brigitte Boisselier est une femme culottée dotée d’un sérieux aplomb qui convainc en mars 2001 le sénat américain de ne pas entraver ses recherches. Fin décembre 2002, elle annonce à la presse, sans sourciller, la naissance du premier bébé cloné alors qu’elle sait pertinemment que Clonaid n’est qu’une boîte postale aux Bahamas et en aucun cas un laboratoire d’expérimentations. Un tel niveau de mythomanie inciterait presque à l’admiration!

Les rouages de la manipulation psychologique

Dans la foulée, une journaliste québécoise infiltrée au sein du mouvement comme assistante comptable dévoile une autre supercherie. UFOland à Maricourt (Québec) n’est pas l’inoffensif parc d’attractions annoncé, mais une structure abritant un centre de recrutement. Plus la série avance, plus le vrai visage inquiétant de cet a priori "sympathique illuminé" apparaît au grand jour. Son portrait aide à mieux comprendre les rouages de la manipulation psychologique, du lavage de cerveau et de l’emprise mentale.

Un jour, Raël, qui vit actuellement au Japon, ne sera plus. Alors, qui pour prendre sa relève, car il y en aura une, affirme-t-il. Pour le coup, il faut le croire sur parole! Peut-être Boni l'Ivoirien, raëlien présenté dans le documentaire comme le "prophète africain du mouvement"? En attendant, la série en quatre épisodes de 50 minutes excellemment tricotés entre images d’archives, témoignages d’adorateurs et de détracteurs, interviews actuelles des deux principaux protagonistes, Brigitte Boisselier et Raël, est à savourer aveuglément sur Netflix.

Philippe Congiusti/olhor

"Raël: le prophète des extraterrestres", série documentaire en quatre épisodes, à voir sur Netflix depuis le 7 février 2024.

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