Un plan-séquence frénétique, avec une caméra hystérique qui vole au-dessus des fourneaux, plane entre les éviers et le passe-plat dans un boucan du tonnerre, ouvre le premier épisode de cette série culinaire. Nausée garantie!
Tout cela pour bien transmettre au spectateur le stress qui règne lors d’un coup de feu en cuisine, une atmosphère fiévreuse et survoltée qui tranche avec le cosy de la salle de ce resto m’as-tu-vu où les clients se délectent avec des mets raffinés dans une ambiance relax.
Loin de "The Bear"
En un plan, qui ne prend même pas le temps de sublimer les plats qui devraient pourtant être les stars de la série, la messe est dite! "The Bear", maître étalon américain en ce domaine est passé par là et "The Chef" ne sera qu’une piètre imitation britannique.
L’impression se confirme dès le premier épisode qui s’embourbe dans une purée de pathos bien lourde quand Carly, cheffe sous pression, jette son tablier pour voler au secours de sa mère, peut-être mourante. Que nenni! Alors que sa brigade se dépêtre sans elle, que des investisseurs en salle s’impatientent pour la rencontrer, Carly revient au galop parce qu’elle assure, elle qui a tout sacrifié, amour et amitiés, pour que son Point North soit rentable.
Carly aux commandes
Bien sûr, "The Chef" ravira sans aucun doute les fans du film "Boiling Point", qui retrouveront des visages connus, à commencer par celui de Vinette Robinson, dite Carly. Désormais aux commandes de sa propre affaire après la Bérézina de son mentor, le toqué Andy Jones, devenu alcoolique, elle dirige bon nombre des ex-équipiers de son ex-patron. Mais en plus de se battre pour la survie de son restaurant, elle sait rester à l’écoute de son personnel.
Ainsi, entre le jeune chef pâtissier suicidaire qui se scarifie, une bonne samaritaine aux alcooliques anonymes qui pourrait replonger, un responsable des cuissons à l’humour lourdingue qui fatigue son monde et son second sur les nerfs, Carly doit gérer un nouveau venu, piètre commis qu’elle va néanmoins garder, car elle a le cœur sur la main. Dans la réalité, il serait retourné pointer au chômage! Pas là. Un paradoxe pour une série qui ambitionne de retranscrire au plus juste les difficultés auxquelles sont confrontés les chefs.
Aussi indigeste qu'un mille-feuille rassis
Construit tel un mille-feuille rassis à la crème pâtissière grumeleuse, le montage alterne entre coup de stress en cuisine, service compliqué et moments de vie hors du restaurant pour montrer les humains sensibles derrière les robots qui s’agitent mécaniquement en cuisine ou en salle. Sauf que l’empathie pour ces personnages mal dégrossis ne fonctionne jamais. Pire, l’arc dramatique ennuie et la mise en scène sans inspiration finira d’achever même les moins exigeants des sériephiles, tant chaque épisode repose sur un canevas toujours identique et se décline façon copier-coller.
Philippe Congiusti/mh
"The Chef" de Philip Barantini, avec Stephen Graham, Vinette Robinson, Alice Feetham. Mini-série de quatre épisodes à voir sur Canal+ depuis le 14 novembre 2024.