Résumé de l’article
"Made in France", un triangle amoureux classique sur la crise de la cinquantaine
Bafouée et exploitée par son époux garagiste Olivier (Thierry Neuvic), Rita (Cécile Bois) tombe de haut après trente ans de fidélité à cet homme, au boulot comme dans la vie. Un jour, la quinquagénaire découvre que ce goujat a donné un coup de canif dans leur contrat de mariage en folâtrant dans les bras d'une cliente à Porsche, Olympe (Antonia Desplat), la trentaine, fort caractère et cadre supérieure chez Valières, une maison parisienne emblématique de maroquinerie.
Pas totalement effondrée, Rita s'accroche à sa vengeance personnelle et exile le coupable hors de la couche conjugale, sur le canapé. Digne, mais blessée, trop curieuse surtout de se confronter à celle qui lui a chipé son homme, Rita, sur un malentendu, se joue d'Olympe qui l'embauche chez Valières comme assistante. Et qu'importe si Rita la prolo fait tache dans ce monde raffiné, dont elle ne maîtrise aucun code.
Un triangle amoureux éminemment féministe
Choc des cultures et des classes, mais surtout choc tout court pour la femme d'affaires lorsque Rita lui avoue ses véritables motivations. La série, qui pourrait ronronner autour du secret de Rita et de quiproquos durant les six épisodes, prend fort heureusement un virage inattendu lorsque le pot aux roses, très vite dévoilé, laisse place à une observation minutieuse de cet étrange triangle amoureux éminemment féministe.
Pendant que Rita s'émancipe en accédant à l'indépendance financière au grand dam de son mari, Olympe, femme libre qui a sacrifié sa vie personnelle au profit de sa réussite, s'impose face à son détracteur: le fils Valières. Malgré son expérience et sa renommée, elle doit sans cesse faire ses preuves, mais avec sa nouvelle alliée Rita, extrêmement douée pour démêler des situations inextricables, elle résout les problèmes les plus complexes. Quant au mari volage, il passe clairement pour le mufle de service, le cœur ballotté entre ces deux femmes qui le mènent par le bout du nez, pour ne pas citer une autre partie de son anatomie...
Un divertissement sur la crise de la cinquantaine
Si Cécile Bois ("Candice Renoir") demeure l'argument massue de "Made in France", interprétant un personnage sensible, sans filtre et fort drôle, ses partenaires de jeu Thierry Neuvic et surtout Antonia Desplat ne sont pas en reste. Elle a déjà fait montre de ses talents chez Wes Anderson ("The French Dispatch") qu'elle retrouvera cette année dans "The Phoenician Scheme" aux côtés de Charlotte Gainsbourg, Scarlett Johansson ou encore Tom Hanks. En attendant, elle s'illustre dans cette série franchouillarde où, outre les tourments du cœur, une certaine idée d'un artisanat de luxe plus moral, plus végane, y est clairement défendue lorsqu'il s'agit d'abandonner le cuir animal.
Si sur le fond "Made in France" possède bien des mérites, mieux vaut ne pas être trop regardant sur la forme. Ce produit industriel qui pique les yeux par sa mocheté - mais au service de la maroquinerie de luxe si magnifique - doit être apprécié pour ce qu'il est: un simple divertissement sur la crise de la cinquantaine avec une pointe de féminisme.
Philippe Congiusti/ld
"Made in France" de Mathilde Vallet, avec Cécile Bois, Thierry Neuvic et Antonia Desplat. Mini-série en six épisodes disponibles en intégralité du 20 janvier au 3 février 2025 sur Play RTS.